La Maison Blanche a cependant aussitôt cherché à tempérer les attentes. «Je ne peux pas vous dire que les négociations vont reprendre à Doha, au Caire ou où que ce soit ailleurs», a fait savoir le porte-parole John Kirby devant la presse.
Il s’agit du 11e voyage au Moyen-Orient du secrétaire d’Etat américain depuis le début de la guerre dévastatrice à Gaza, provoquée par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.
Au cours de cette tournée, il se rendra aussi mercredi en Jordanie pour discuter notamment de l’aide humanitaire, jugée largement insuffisante dans la bande de Gaza, a dit lundi à la presse un responsable américain à bord de l’avion conduisant Antony Blinken vers Israël.
Le secrétaire d’Etat a également l’intention de s’entretenir avec les Israéliens des représailles attendues contre l’Iran pour les décourager de toute action susceptible d’aggraver encore plus le conflit régional, a ajouté ce diplomate sous couvert d’anonymat.
La communauté internationale attend fébrilement cette riposte israélienne à l’attaque de Téhéran, qui avait lancé 200 missiles vers Israël début octobre.
«Beaucoup plus d’aide»
Lors de sa dernière visite en Israël, en août, M. Blinken avait prévenu qu’il s’agissait peut-être de la «dernière chance» pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza.
La tentative avait échoué. Le conflit s’est depuis intensifié et même élargi au Liban contre le Hezbollah, allié de l’Iran et proche du Hamas.
Mais le président Joe Biden, qui avait lui-même présenté le 31 mai un plan de cessez-le-feu, a vu l’occasion de relancer les négociations, au point mort depuis l’été, après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué la semaine dernière par Israël.
«Le moment est venu d’aller de l’avant, de progresser vers un cessez-le-feu», a déclaré le président américain vendredi dernier en Allemagne, en annonçant qu’il dépêchait son chef de la diplomatie dans la région.
Le déplacement du secrétaire d’Etat intervient quelques jours après qu’il a, avec le ministre de la Défense Lloyd Austin, averti Israël que les Etats-Unis pourraient suspendre une partie de leur aide militaire, qui se chiffre en milliards de dollars, si le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne permettait pas, dans les 30 jours, l’entrée d’aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté et où se poursuivent les frappes israéliennes, notamment dans le nord.
L’ONU y a qualifié la situation humanitaire de catastrophique.
«On a besoin de voir beaucoup plus d’aide entrer à Gaza», a fait valoir la Maison Blanche, qui précise que ce sera l’un des principaux sujets de discussion avec les Israéliens.
«Le jour d’après»
La guerre dans la bande de Gaza empoisonne la fin de mandat du président Joe Biden et pourrait nuire à sa vice-présidente, la candidate démocrate Kamala Harris, engagée dans un duel serré contre le républicain Donald Trump pour la présidentielle du 5 novembre.
Alors que nombreux démocrates s’offusquent du soutien quasi inconditionnel apporté à Israël, Donald Trump accuse de son côté le gouvernement de mettre des bâtons dans les roues du dirigeant israélien Benjamin Netanyahu.
Après Israël mardi et la Jordanie mercredi, Antony Blinken se rendra dans plusieurs capitales arabes jusqu’à vendredi, selon le département d’Etat.
Il y «discutera de l’importance de mettre fin à la guerre à Gaza, de garantir la libération de tous les otages et d’alléger les souffrances du peuple palestinien», a indiqué le département d’Etat dans un communiqué.
Il plaidera également en faveur d’une «solution diplomatique» au Liban, où les Etats-Unis se sont abstenus d’exiger un cessez-le-feu immédiat.
Il sera aussi question de préparer le «jour d’après» avec la question de la reconstruction et de la gouvernance à Gaza où la tâche s’annonce gigantesque, selon le département d’Etat.
Peu de détails concrets ont filtré sur ces préparatifs, notamment pour savoir qui pourra y assurer la sécurité, mais les pays arabes ont dit ne pas être prêts à payer seuls la facture sans perspective de création d’un Etat palestinien, ce qu’Israël rejette.