Le président américain doit s’entretenir ce mercredi 15 novembre avec son homologue chinois pendant plusieurs heures, à proximité de San Francisco, en Californie, en marge du sommet de l’Apec, la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique.
Juste avant ce tête-à-tête, le second en personne depuis l’élection du démocrate de 80 ans, le ton se voulait conciliant. «Nous n’essayons pas de nous découpler de la Chine», a assuré mardi Joe Biden, pour qui l’objectif est d’«être capables de prendre le téléphone et de se parler s’il y a une crise».
Il a toutefois estimé que la Chine de M. Xi avait de «vrais problèmes» face «au rétablissement du leadership américain dans le monde». «Nous nous opposons à une définition des relations sino-américaines en termes de concurrence», a dit de son côté une porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.
Les deux dirigeants, qui se connaissent depuis plusieurs années, avaient discuté pendant trois heures en marge d’un sommet du G20, en Indonésie, il y a un an. La relation a depuis tourné à l’aigre, en particulier avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d’année.
«Encerclement» et «provocations»
Joe Biden a irrité Pékin en soulignant en février les «énormes problèmes» que rencontre selon lui la Chine au plan économique. En mars, Xi Jinping a critiqué, avec une virulence rare, une stratégie américaine d’«encerclement» alors que Washington muscle ses alliances en Asie-Pacifique. La Chine dénonce aussi les sanctions que lui imposent les États-Unis dans le domaine technologique, tandis que Washington s’insurge contre les actions «provocatrices» de Pékin en mer de Chine méridionale.
Le ton entre Washington et Pékin s’est toutefois suffisamment radouci à l’été pour permettre l’organisation du face-à-face californien. Joe Biden «veut s’assurer que nous gérons cette relation bilatérale tellement importante de la manière la plus responsable possible», a dit mardi un porte-parole de la Maison Blanche.
Les dossiers Israël et Ukraine
Surtout avant une année 2024 potentiellement tumultueuse, avec une élection présidentielle à Taïwan. Le statut de l’île, dont Pékin revendique la souveraineté, et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.
Les États-Unis demandent aussi à la Chine de ne pas envenimer les grandes crises internationales, et en particulier la guerre entre Israël et le Hamas, que Joe Biden ne veut surtout pas voir s’étendre. «Ils ont dans la région des lignes de communication que nous n’avons pas», a dit John Kirby, en référence à la relation entre Pékin et l’Iran.
Pour ce qui concerne l’Ukraine, les États-Unis n’escomptent certes pas que la Chine coupe les ponts avec la Russie, mais espèrent au moins qu’elle s’abstienne de lui livrer des armes, alors que Moscou ne cesse de revendiquer des liens de plus en plus solides avec Pékin.
Rétablir les communications militaires
Si les deux parties ont fait en sorte de tempérer les attentes autour de la réunion de jeudi, les analystes spéculent sur quelques annonces. Le président américain veut rétablir les communications militaires entre les deux puissances nucléaires, suspendues depuis plus d’un an. «Peu importe ce qui arrive d’autre dans la relation, ces liens d’armée à armée doivent rester intacts», avait plaidé lundi le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan.
Joe Biden et Xi Jinping pourraient aussi s’engager à limiter les applications militaires de l’intelligence artificielle, ou encore agir ensemble contre le trafic de fentanyl, un puissant opiacé de synthèse produit massivement en Chine, responsable de dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux États-Unis.