Les Philippines ont convoqué lundi l’ambassadeur de Chine après les tirs des garde-côtes chinois au canon à eau sur des navires philippins ce week-end, dans la mer de Chine méridionale contestée. «Notre secrétaire aux Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur Huang aujourd’hui (lundi) et lui a remis une note verbale comprenant des photos et des vidéos sur ce qui s’est passé, et nous attendons leur réponse», a expliqué le président philippin Ferdinand Marcos Jr à la presse.
Manille a accusé dimanche les garde-côtes chinois d’avoir tiré au canon à eau sur des navires philippins en mer de Chine méridionale, qualifiant ces actions d’«illégales» et de «dangereuses». La Chine a déclaré de son côté avoir pris les «mesures nécessaires» contre des bateaux philippins qu’elle accuse d’être entrés «illégalement» dans ses eaux.
Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales des Philippines, du Vietnam ou de la Malaisie, faisant fi d’un jugement international de 2016 en sa défaveur.
«La position de la Chine, bien sûr, est de dire “c’est à nous, donc nous le défendons” et nous, pour notre part, nous disons “non, c’est à nous, donc nous le défendons”. Cela devient donc une zone grise dont nous discutons», a ajouté M. Marcos. Depuis son arrivée au pouvoir en juin 2022, le président philippin a insisté sur le fait qu’il ne laisserait pas la Chine piétiner les droits de son pays en mer, et s’est rapproché des États-Unis.
«Pour mémoire, nous n’abandonnerons jamais l’atoll d’Ayungin. Nous sommes attachés à l’atoll d’Ayungin», a renchéri devant la presse, un peu plus tard dans la journée, le porte-parole du Conseil national de sécurité, Jonathan Malaya, en utilisant le nom philippin pour qualifier l’atoll de Second Thomas dans les îles Spratleys.
Condamnations occidentales
Selon les garde-côtes philippins, l’incident s’est produit samedi alors qu’ils escortaient des navires transportant du matériel pour le personnel militaire philippin stationné sur le Second Thomas, un atoll des îles Spratleys. «Les garde-côtes philippins condamnent fermement les manoeuvres dangereuses des garde- côtes chinois et l’utilisation illégale de canons à eau contre (leurs) navires», ont-ils alors déclaré.
Le Département d’Etat américain a condamné les «dangereux» agissements de la Chine, affirmant qu’ils étaient le fait de ses garde-côtes et «milices maritimes». Les ambassades britannique et australienne ainsi que l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude. La mission canadienne aux Philippines a condamné l’intervention chinoise comme «dangereuse et provocatrice» tandis que le représentant du Japon qualifiait l’incident de «totalement inacceptable».
Manille se plaint de voir ses navires patrouillant dans ces eaux contestées régulièrement surveillés ou bloqués par des garde-côtes ou des bateaux de la marine chinoise. L’incident de samedi était le premier depuis novembre 2021 quand les garde-côtes chinois ont utilisé des canons à eau contre une mission de ravitaillement philippine à Second Thomas.
Manille et Pékin ont une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale, mais l’ancien président philippin Rodrigo Duterte était réticent à critiquer son puissant voisin. Les tensions se sont exacerbées au début de l’année après qu’un navire des garde-côtes chinois eut prétendument utilisé un laser de qualité militaire contre un bateau des garde-côtes philippins près de l’atoll Second Thomas.
Après l’occupation du récif Mischief par la Chine au milieu des années 1990, les Philippines ont échoué un navire de guerre désaffecté sur le haut-fond voisin afin d’affirmer leurs revendications territoriales. Des membres de la marine philippine y sont basés. L’atoll Second Thomas se situe à environ 200 km de l’île philippine de Palawan et à plus de 1.000 km de l’île chinoise la plus proche, Hainan.