Dans le langage courant marocain (la darija), il est de ces onomatopées qui veulent tout dire. Celle de «baz!!!» (un mélange de stupéfaction et de déception) prend ici, en l’occurrence, toute sa signification quand il s’agit du dernier rebondissement des événements en cours en Algérie.
Alors que la rue algérienne a tout dit vendredi 15 mars, clamant par centaines de milliers de manifestants sa volonté de changement d’un régime qui a largement fait son temps, et d’un président qui n’est plus que la momie de lui-même, le clan Bouteflika, toujours aussi sourd, récidive.
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Par la voie de la très officielle APS, l’agence d’information algérienne, on apprend ce dimanche que le nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, et son vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, désignés en tant que tels lundi dernier dans la foulée de la molle réaction du régime Bouteflika à la montée de la vague de contestations populaire, ont lancé des consultations. Le but: former un gouvernement de «compétences nationales avec ou sans affiliation politique». La volonté de se maintenir au pouvoir est donc manifeste.
Voici donc la réponse sans appel de la Bouteflikocratie aux marches de protestation des Algériens. Plus insultant, tu meurs! Et comme pour mettre ces derniers devant le fait accompli, on apprend également qu'une séance de travail a eu lieu, tenue par Bedoui et Lamamra. Cette réunion a notamment porté sur la «structure du prochain gouvernement». «Les consultations en cours s'étendront aux représentants de la société civile, aux formations et personnalités politiques qui en exprimaient le souhait en vue d'aboutir à la mise en place d'un gouvernement de large ouverture», lit-on.
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Cette initiative est dommageable. Les Algériens ont parlé et clairement dit qu’ils voulaient passer à un autre système, à même de tirer pleinement profit des potentialités d’un pays riche en ressources naturelles et doté d’une formidable jeunesse, tout à fait capable d’assumer son destin.
Il s’agit là, aussi, d’une initiative dangereuse, qui équivaut à un mépris total de cette même volonté populaire. Et les Algériens, qui ont pris leur mal en patience depuis 20 ans déjà, soit au lendemain d’une sale et noire décennie, ne se laisseront, cette fois, certainement pas faire.