Place au débat sur l’énergie: le nucléaire et le solaire seront promus comme jamais à une COP ce samedi 2 décembre à Dubaï, avant de négociations qui s’annoncent pénibles entre près de 200 pays sur les énergies fossiles dans les dix prochains jours.
La journée de samedi a été lancée par l’appel d’une vingtaine de pays à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020, illustrant le spectaculaire regain général d’intérêt pour l’atome, qui permet de générer de l’électricité quasiment sans carbone, mais a souffert après l’accident de Fukushima en 2011.
«Nous savons par la science, la réalité des faits et des preuves qu’on ne peut pas atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sans nucléaire», a affirmé l’émissaire américain pour le climat, John Kerry, lors d’un événement à Dubaï en compagnie de plusieurs dirigeants, principalement européens, qui ont aussi encouragé le développement de petits réacteurs appelés «SMR». «Je veux réitérer que l’énergie nucléaire est une énergie propre, il faut le répéter», a dit d’emblée Emmanuel Macron. «L’énergie nucléaire, c’est l’avenir», a insisté son homologue polonais, Andrzej Duda.
Outre les États-Unis et le Canada, la vingtaine de signataires inclut, selon une liste publiée par les Américains, les pays européens pro-nucléaires ainsi que la Corée du Sud, le Ghana, les Émirats arabes unis qui viennent de construire leur première centrale, et le Japon, qui relance ses centrales. Mais la Chine et la Russie, les premiers constructeurs de réacteurs nucléaires dans le monde aujourd’hui, n’ont pas signé.
Il s’agit d’un appel volontaire des pays, en aucun cas contraignant dans le cadre des négociations officielles de la COP28 sous l’égide de l’ONU. Leur objectif est de promouvoir proactivement les énergies alternatives aux fossiles, leur donnant des arguments pour espérer négocier la fin du pétrole, du charbon et du gaz dans un accord final à la COP.
Les écologistes préfèreraient une transition sans nucléaire, soulignant le problème des déchets et de la sûreté. Masayoshi Iyoda, de l’organisation environnementale 350.org, a immédiatement dénoncé le recours à une énergie «dangereuse». «Nous avons déjà des solutions moins chères, plus sûres, démocratiques et rapides pour répondre à la crise climatique: ce sont les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique», a estimé le militant.
Renouvelables
Un autre appel de pays, plus consensuel, sera justement lancé samedi à Dubaï: le triplement des capacités d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, biomasse...) d’ici 2030, un appel qui devrait être signé cette fois par plus de 110 pays.
L’Union européenne avait lancé un appel au printemps en ce sens, soutenu par la présidence émiratie de la COP28 puis successivement repris par les pays du G7 et ceux du G20 (80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre). «Aujourd’hui, notre appel s’est transformé en un puissant mouvement. Plus de 110 pays l’ont déjà rejoint», a déclaré vendredi Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. «Je vous invite tous à inclure ces objectifs dans la décision finale de la COP».
Alors que les dirigeants s’activent publiquement, les milliers de négociateurs de près de 200 pays enchaînent les réunions dans des salles à l’abri des caméras pour avancer sur le véritable enjeu de cette COP28: le ou les textes qui devront être adoptés par consensus d’ici le 12 décembre.
Les paragraphes les plus ardus à négocier concernent la réduction voire la fin des énergies fossiles: pétrole, gaz et charbon. Illustration de cette tension: quand le G20 s’est engagé en septembre à « encourager les efforts » pour tripler les énergies renouvelables, sa déclaration finale était restée silencieuse sur le sort des fossiles.