C’est dans les colonnes de l'hebdomadaire français Le Canard Enchaîné, de cette semaine, qu’une anecdote pour le moins farfelue a été publiée.
Il y est ainsi question d’un certain docteur Squalli, médecin anesthésiste-réanimateur à la clinique des Fontaines à Melun, qui prescrirait du Schweppes Tonic à certains patients, «persuadé d’avoir découvert un remède efficace et pas cher contre le coronavirus».
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Dans la clinique en question, cette prescription serait même affichée. «Pour les patients recevant 2 à 6 litres d’oxygène par minute», prescrire «Schweppes Tonic 33cl, 4 canettes».
Mohamed Squalli, le médecin à l’origine de cette surprenante initiative, explique au Canard Enchainé: «on a peu de réserves de Plaquenil, donc je le réserve aux cas graves ou compliqués, comme les personnes âgées, les diabétiques, les obèses. A la place, pour les cas simples, le Schweppes fonctionne très bien».
Mais pourquoi donc du Schweppes Tonic? Cette boisson gazeuse aurait été choisie en raison de la quinine que contient l’eau tonique et qui lui donne son petit goût amer, et… la chloroquine, traitement qui permet à l'origine de soulager le paludisme, est un dérivé de la quinine.
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Contacté par le journal La République de Seine-et-Marne, le Docteur Squalli persiste et signe.
«Au départ, nous n’avions pas assez de Plaquénil. J’ai commencé à donner du Schweppes Tonic qui contient de la quinquina, une substance qui est un anti-paludéen naturel».
Et d’ajouter: «le soda permet de réhydrater les patients et il a des effets positifs. C’est peut-être le traitement du pauvre, mais quand on n’a rien de mieux, pourquoi s’en priver? Le plus important, c’est de sauver des vies».
«On donne bien un autre soda pour des diarrhées… Ce n’est pas parce que c’est un soda que ça ne fonctionne pas», estime ce médecin.
Autant dire que la clinique de Melun aurait pu se passer de cette publicité à en croire la réaction de la directrice qui s’est empressée de préciser au même Canard Enchainé qu’«il n’y a rien d’extraordinaire! Ce n’est pas un traitement, c’est un petit truc en plus, qui reste très anecdotique».
Mais trop tard. La toile et les spécialistes n’ont pas raté l’occasion d’épingler cette anecdote, que sur Twitter Gilbert Deray, chef de service à la Pitié-Salpêtrière à Paris, qualifie de «grave dérive».
Toutefois, malgré la grogne suscitée dans la communauté scientifique par cette prescription, il n’en demeure par moins que sur Google, «Schweppes coronavirus» était la troisième requête en date du 27 février, avec un bond de 1700 % des recherches ce jour-là.
Les internautes ont en effet tôt fait de faire le lien entre la quinine et la chloroquine, l’un de ses dérivés. Malheureusement, le Schweppes, en raison de sa faible teneur en quinine, ne saurait être un traitement sérieux pour guérir d’un virus tel que le Covid-19.