Aujourd’hui, l’urgence sanitaire est telle que les praticiens à travers le monde sautent les étapes pour être plus efficaces dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Dans leur exploration de nombreuses pistes thérapeutiques, lesquelles donnent lieu à des recherches in vitro et in vivo, nombreux sont les spécialistes, à l’instar du Professeur Didier Raoult, qui privilégient d’utiliser les traitements qui leur semblent les plus adéquats.
Comme l’explique cet infectiologue, professeur de microbiologie français, «lorsque l’urgence est de soigner des patients dont la vie est en danger, il n’est pas éthique de leur donner un placebo lorsque l’état de l’art donne au médecin l’intime conviction que la balance bénéfice-risque est en faveur de l’administration du traitement qu’il souhaite expérimenter».
«Cela oblige à faire preuve de rapidité dans la réalisation de recherches puis dans la diffusion des résultats aux médecins confrontés à l’épidémie sur le terrain, pour orienter leur prise en charge thérapeutique des patients», explique le professeur de médecine marseillais.
Aujourd’hui, comme l’indique le site de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU Méditerranée Infection), cinq pistes thérapeutiques se dégagent pour lutter contre l’épidémie de coronavirus et font l’objet d’essais cliniques dans le monde:
- Des résultats in vitro ont montré une efficacité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine. Sur la base de ce travail, les résultats de trois études ont été publiées: une en France portant sur 24 patients et concluant à l’efficacité de ce traitement, et deux en Chine, la première ne concluant pas à une efficacité suite à l’expérimentation sur 15 patients avec groupe contrôle, la deuxième ayant conclu à l’efficacité de l’hydroxychloroquine suite à une expérimentation sur 31 patients avec groupe contrôle. Mais l’IHU Marseille de préciser toutefois que deux points dans ces études «limitent aujourd’hui la connaissance». La première est que «ces études ne rapportent ni la même durée de traitement, ni la même posologie». La seconde réside dans le fait que «les deux études chinoises ne donnent pas de précisions concernant les autres traitements utilisés dans le cadre du protocole».
- Concernant l’utilisation de la combinaison hydroxychloroquine + azithromycine, l’équipe de l’IHU Marseille dirigée par le Professeur Raoult indique avoir publié deux études observationnelles. La première portant sur 80 patients, et la seconde portant sur 1061 patients. «Toutes deux concluent à une efficacité de ce traitement pour les trois end-points définis plus haut» explique l’équipe de spécialistes en précisant que leurs points de comparaison «portent sur la durée de portage viral, des études chinoises sur l’histoire naturelle de la maladie». S’agissant des aspects cliniques, ces points de comparaisons portent sur «les études réalisées dans des services n’utilisant pas cette prescription».
Lire aussi : Vidéo. Fès. Covid-19: guéri à la chloroquine, un médecin quitte l’hôpital sous les applaudissements
- Concernant le Kaletra, «une étude comparative avec deux bras a conclu à son inefficacité. Son efficacité in vitro reste à démontrer» précise l’IHU Marseille.
- Concernant le Remdesivir, l’anti-parasitaire utilisé notamment pour le traitement de la gale, une étude intéressante financée par Gilead a été publiée dans le New England Journal of Medicine. «Elle permet uniquement de conclure à la toxicité du Remdesivir pour les patients à qui il a été administré (60% d’effets secondaires, 23% d’effets secondaires graves, 8% menant à l’arrêt du traitement)» explique l’IHU Marseille.
- Et de poursuivre que «s’il est encourageant de constater que des équipes sérieuses, comme celle qui a écrit cet article, comprennent qu’il n’est pas éthique de donner un placebo à un patient dont la vie est en danger, il ne faut pas que cela implique d’oublier qu’une étude qui ne comporte ni end-point, ni comparatif, ne peut permettre de conclure quoi que ce soit».
- Enfin, en guise de cinquième piste thérapeutique, l’utilisation de plasma qui reste, selon l’IHU Marseille, «une idée théoriquement intéressante». Et de citer les deux études qui ont été publiées à ce jour en expliquant que «scientifiquement, cette solution pose problème car l’utilisation du plasma est difficile à envisager dans les formes non-graves de la maladie. Dans les formes graves, le problème n’est pas virologique mais immunitaire».
Que faut-il conclure de ces différents traitements thérapeutiques? Peut-on aujourd’hui se fier sérieusement à une autre piste que celle de la chloroquine?
Pour l’IHU Marseille, la réponse est claire. «les équipes médicales de l’IHU, comme {les} médecins s’étant engagés à respecter le serment d’Hippocrate, ont pris la décision de poursuivre le traitement des patients atteints de COVID19 avec le protocole hydroxychloroquine+azithromycine, en l’attente de nouveaux résultats».