"L'épidémie de Covid-19 diminue nettement en France" mais "chez les malades les plus sévèrement atteints, les séquelles sont une menace réelle dont l'importance reste mal évaluée", annonce d’emblée l’Académie de médecine dans son dernier avis, expliquant par ailleurs que "du fait de l’extension de la pandémie, même un faible pourcentage de séquelles représente un problème de santé publique à l’échelle du pays."
Deux types de séquelles physiques sont ainsi relevées. Il s’agit dans un premier temps d’"atteintes organiques de la phase aiguë, non ou peu réversibles" et celles-ci touchent particulièrement les poumons avec la découverte de fibroses pulmonaires.
Mais pas que... Le cœur subit aussi les conséquences du nouveau coronavirus avec la détection de troubles du rythme, mais également d’insuffisances cardiaques et de nécroses myocardiques. Les reins sont eux aussi touchés avec des cas d’insuffisance rénale chronique terminale et enfin du côté du système nerveux, on note des atteintes directes ou indirectes du système nerveux central.
Autant d’atteintes organiques qui persistent chez certains patients après la phase aigüe de la maladie et nécessitent "surveillance prolongée", "rééducation prolongée" et "traitement approprié".
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Les séquelles sans étiquettesDans un second temps, ces séquelles concernent également des patients dont "l'infection initiale a été souvent courte et a guéri spontanément", mais qui "se plaignent de nouveaux symptômes après une période de rémission".
Il s'agit en l'occurrence de symptômes comme "un malaise général, des douleurs musculaires, des arthralgies, de la fatigue au moindre effort physique ou intellectuel, une perte de la mémoire et, parfois, des accès de tachycardie". Selon l’Académie de médecine, ces "troubles mal étiquetés (...), dont l'origine et le devenir restent inconnus", persistent malgré un "examen clinique (qui) reste négatif à part souvent une perte de poids traduisant une dénutrition."
Et de noter également que "ces troubles sont le plus souvent épisodiques, mais ont parfois un caractère prolongé" avec un traitement qui s’avère difficile, car "à part la prescription de paracétamol, le soutien psychologique et la correction d’une éventuelle dénutrition par un diététicien, il est difficile de faire la part de ce qui revient aux suites du Covid-19 ou à d’autres causes, comme c’est le cas dans le syndrome post-borréliose de la maladie de Lyme."
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Le mental, victime collatéraleMais ce n’est malheureusement pas tout… car des séquelles psychiques ont également été épinglées par l’institution qui révèle ainsi que les patients "sortant de réanimation avec ventilation assistée et sédation profonde, puis d'une longue convalescence, sont intensément marqués" et nécessitent "un soutien psychologique leur permettant de retrouver un travail et une vie sociale normale".
Même son de cloche pour les soignants qui souffrent d'une importante fatigue, sans compter l’insomnie et l’anxiété, et "qui nécessitent un suivi et un soutien psychologique", alerte-t-on ainsi. L’institution préconise donc en soutien de ce corps de métier qui oeuvre en première ligne et sans relâche, le "recrutement de personnels soignants" et l'"augmentation des rémunérations (...) pour "diminuer le risque de 'burn-out'".
Enfin, autres "victimes du confinement", "les enfants et jeunes adultes handicapés qui ont quitté leur institution d'accueil", "les enfants privés d'école et de tout contact avec leurs camarades" et "les étudiants retournés chez leurs parents et dont les études ont été interrompues", "une aide psychologique" peut être nécessaire.
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Quelle solution?Pour traiter les séquelles, dans la limite des connaissances actuelles, l’Académie nationale de médecine recommande:
- "la reprise d’une activité physique, dont la marche est la plus simple, dès que possible.
- la vigilance quant à la qualité fonctionnelle des organes les plus souvent atteints (cœur, cerveau, muscles et poumon);
- une surveillance de l’évolution à long terme de ces séquelles en assemblant une cohorte de patients pour une étude longitudinale de plusieurs années;
- des mesures concernant l’organisation du travail dans les hôpitaux et les EHPADS (recrutement de personnels soignants ; augmentation des rémunérations), pour diminuer le risque de "burn-out" et les tensions psychologiques liées à un travail excessif;
- aider les parents d’enfants handicapés qui, en cas de reconfinement, auraient à remplacer les institutions d’accueil."