Depuis l’Espagne, le candidat de l’opposition vénézuélienne promet de «continuer la lutte»

L'opposant vénézuélien et candidat aux élections présidentielles Edmundo Gonzalez Urrutia, lors d'une manifestation anti-pouvoir dans la capitale Caracas, en août 2024.

Depuis l’Espagne, où il demandera l’asile, Edmundo González Urrutia, candidat de l’opposition vénézuélienne à la présidentielle de juillet, a promis de continuer «la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie».

Le 09/09/2024 à 07h04

Le candidat de l’opposition vénézuélienne à la présidentielle de juillet, Edmundo González Urrutia, a promis de continuer «la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie» depuis l’Espagne, où il est arrivé dimanche pour demander l’asile.

M. Gonzalez Urrutia, qui était poursuivi dans son pays après avoir contesté la réélection controversée du chef de l’Etat Nicolas Maduro, a quitté le Venezuela avec son épouse à bord d’un avion militaire espagnol qui s’est posé à la base aérienne de Torrejon de Ardoz, près de Madrid.

Dans un message audio de 40 secondes, l’ancien ambassadeur de 75 ans a fait part «d’épisodes de pression, de coercition et de menaces de ne pas me laisser partir» sans donner de détails. Mais son départ «est un grand coup pour le mouvement démocratique parce qu’il peut démoraliser», estime la politologue Ana Milagros Parra.

«En danger»

Après un mois de clandestinité, Edmundo Gonzalez Urrutia a dû fuir pour «préserver sa liberté et sa vie», a souligné la cheffe de l’opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, sur X.

«Sa vie était en danger, et la multiplication des menaces, des convocations, des mandats d’arrêt dont il a fait l’objet, montre que le régime n’a aucun scrupule ni aucune limite dans son obsession de le faire taire et de tenter de le briser», a-t-elle ajouté, assurant que M. Gonzalez Urrutia se «battra de l’extérieur avec la diaspora». «Je continuerai à le faire ici», a-t-elle ajouté.

M. Gonzalez Urrutia avait ignoré trois convocations devant les procureurs, faisant valoir que sa comparution aurait pu lui coûter sa liberté. Il a «demandé à bénéficier du droit d’asile», a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, à la télévision nationale. «Le gouvernement va naturellement le (...) lui accorder».

L’Espagne, a-t-il dit, réitère «l’exigence que soient présentés les procès-verbaux» des bureaux de vote lors de l’élection présidentielle et «qu’ils puissent être vérifiés». L’Espagne «ne va reconnaître aucune soi-disant victoire» de M. Maduro si ces conditions ne sont pas remplies, a-t-il averti.

L’opposant vénézuélien était visé depuis le 2 septembre par un mandat d’arrêt, le parquet ayant ouvert des enquêtes pour «désobéissance aux lois», «conspiration», «usurpation de fonctions» et «sabotage».

«Après s’être réfugié volontairement à l’ambassade d’Espagne à Caracas il y a quelques jours, il a demandé l’asile politique au gouvernement espagnol», a écrit la vice-présidente Delcy Rodriguez sur les réseaux sociaux. «Le Venezuela a accordé les sauf-conduits nécessaires dans l’intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays».

Un bilan officiel de 27 morts

Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Après l’annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont éclaté. Leur répression a fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

«Aujourd’hui est un triste jour pour la démocratie au Venezuela», a déclaré dimanche le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, précisant que «dans une démocratie, aucun dirigeant politique ne devrait être contraint de demander l’asile dans un autre pays».

Il a appelé à «la fin à la répression, aux arrestations arbitraires et au harcèlement des membres de l’opposition et de la société civile» ainsi qu’à la libération de «tous les prisonniers politiques».

Par Le360 (avec AFP)
Le 09/09/2024 à 07h04