Les dirigeants des deux plus grandes économies du monde se sont serré la main à l’issue de leurs entretiens mais n’ont pas fait de déclaration aux médias.
Donald Trump et le président chinois Xi Jinping ont entamé par une poignée de main, jeudi en Corée du Sud, une rencontre censée apaiser la brutale guerre commerciale qui les oppose et qui ébranle toute l’économie mondiale.
Le président américain, qui venait juste d’annoncer une relance immédiate des essais d’armes nucléaires, a qualifié son homologue de «redoutable négociateur», tout en disant s’attendre à une rencontre «très réussie».
Xi Jinping a, lui, dit que c’était «un plaisir de revoir» Donald Trump, alors que les deux hommes posaient pour les photographes dans un austère bâtiment de l’aéroport de Busan (sud-est).
«La Chine et les États-Unis peuvent assumer conjointement leurs responsabilités de grandes puissances et travailler ensemble à la réalisation de projets plus ambitieux et concrets, pour le bien de nos deux pays et du monde entier», a-t-il affirmé.
Les deux dirigeants ont ensuite entamé une réunion bilatérale avec leurs délégations.
Donald Trump n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa toute fraîche et surprenante annonce nucléaire.
Essais nucléaires
Il a ordonné à son ministère de la Défense de «commencer à tester» les armes nucléaires des États-Unis, après que son homologue russe Vladimir Poutine l’a défié avec un test d’un drone sous-marin à capacité nucléaire.
«Les États-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays», a-t-il souligné sur son réseau Truth Social. «La Russie arrive en deuxième position et la Chine, loin derrière, en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans.»
De quoi poser un rapport de forces, juste avant de s’attabler pour tenter de finaliser une trêve commerciale préparée par les conseillers américains et chinois ces derniers jours.
Les deux dirigeants se connaissent bien pour s’être vus cinq fois pendant le premier mandat du républicain, mais leur dernière entrevue remonte à 2019.
Depuis, la rivalité entre les deux superpuissances n’a fait que s’intensifier et, surtout, Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier, a déclenché une radicale offensive protectionniste, au service de son idéologie «L’Amérique d’abord».
Terres rares et soja
Le président Donald Trump a annoncé avoir conclu avec son homologue chinois Xi Jinping un accord d’un an, reconductible, sur l’approvisionnement en terres rares - matériau essentiel sur lequel la Chine exerce un quasi-monopole.
«L’accord concernant les terres rares est désormais conclu, et c’est valable pour le monde entier», a affirmé M. Trump aux journalistes à bord de l’avion Air Force One, précisant que cet accord était conclu pour un an et serait renégocié chaque année.
Le président américain a déjà laissé entrevoir une baisse des droits de douane américains qui avaient été imposés à la Chine en raison de sa contribution, selon Washington, aux ravages causés par le trafic de fentanyl aux États-Unis.
En contrepartie, Pékin pourrait accepter de retarder l’application de ses restrictions à l’exportation de terres rares — matériaux indispensables à l’industrie (automobile, smartphones, armement...) sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole.
Lire aussi : Sommet OCS en Chine: une vitrine Poutine-Xi Jinping d’un nouvel ordre mondial
«De grandes quantités, des volumes considérables de soja et d’autres produits agricoles vont être achetés immédiatement», a indiqué M. Trump aux journalistes. La Chine est un débouché crucial des cultivateurs américains de soja, mais le pays avait gelé ses importations sur fond de tensions commerciales.
Ce sommet arrive après quelques semaines particulièrement mouvementées.
Le 19 septembre, Donald Trump annonçait une prochaine rencontre avec son homologue chinois, après une conversation téléphonique «très productive».
Puis les sujets de friction se sont accumulés, jusqu’à celui qui fait sortir le président américain de ses gonds: la décision, le 9 octobre, par Pékin, de restreindre ses exportations de terres rares, au risque de compromettre le grand programme de réindustrialisation du locataire de la Maison-Blanche.
Le milliardaire new-yorkais, dénonçant une manœuvre «hostile», avait menacé d’imposer des surtaxes douanières écrasantes et de bouder la rencontre, avant de se radoucir, dans l’une des volte-face dont il a l’habitude.
«Apaisement des tensions»
«Nombreux sont ceux qui voient dans cette rencontre un cessez-le-feu, un apaisement des tensions entre les deux parties», indique à l’AFP Tai Wei Lim, expert de l’Asie orientale à l’Université Soka.
L’accord commercial en gestation ne réglera pas les contentieux de fond entre les deux puissances, qui sont économiques mais aussi stratégiques.
Donald Trump voit d’un mauvais œil les manœuvres diplomatiques de son homologue chinois pour rallier les grands pays émergents et il s’est plusieurs fois irrité des liens entre la Chine et la Russie.
Mais le président américain a aussi intérêt, politiquement, à annoncer l’un de ces «deals» dont il raffole, alors qu’il est empêtré chez lui dans une crise budgétaire prolongée.
Le président américain Donald Trump a assuré que Washington et Pékin allaient «travailler ensemble» sur la guerre en Ukraine. «L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose», a-t-il déclaré.
Trump a annoncé avoir convenu de réduire à 10% les droits de douane contre la Chine liés au trafic de fentanyl, après des pourparlers avec le président Xi en Corée du Sud. Il a aussi affirmé que le différend entre la Chine et les Etats-Unis avait été «résolu».
La rencontre avec Xi Jinping conclut, sur une note beaucoup plus sobre, une tournée asiatique qui l’a vu accueilli avec tous les égards en Malaisie, au Japon et en Corée du Sud, avec des cadeaux fastueux et des promesses de gigantesques investissements aux États-Unis.








