Par la voix de son fondateur Elon Musk, le constructeur automobile Tesla a dévoilé son robotaxi, baptisé «Cybercab», dans la soirée du jeudi 10 octobre à Los Angeles. Dépourvu de volant et de pédales, le véhicule à conduite 100% autonome sera rechargeable par induction et «10 à 20 fois» plus sûr qu’une voiture conduite par un humain, a assuré le dirigeant. Il devrait être commercialisé «avant 2027», à un prix inférieur à 30.000 dollars (environ 290.000 dirhams).
Tesla espère donner en 2025 le départ des conduites «complètement autonomes, sans supervision» au Texas et en Californie avec les modèles existants, avant de commencer la production de masse du robotaxi. «J’ai tendance à être un peu optimiste en ce qui concerne les délais, mais en 2026, donc oui, avant 2027», a poursuivi le patron du constructeur, ajoutant que cinquante unités de cette voiture ont déjà été fabriqués.
Le «Cybercab» devra cependant surmonter plusieurs obstacles techniques et réglementaires avant de pouvoir embarquer ses premiers clients, le véhicule autonome en général devant encore convaincre de sa fiabilité et sécurité.
Un van autonome et des robots
Au cours d’une présentation pauvre en détails, Elon Musk a aussi dévoilé le «Robovan», un véhicule autonome censé pouvoir transporter 20 passagers ou des marchandises, sans toutefois donner de date de productions ni d’autres précisions.
Le milliardaire a aussi fait défiler des robots humanoïdes dansants, baptisés «Optimus», assurant qu’ils seraient un jour capables d’effectuer des tâches domestiques et d’entretenir des relations amicales, pour un prix compris entre 20.000 et 30.000 dollars. Là encore, pas de calendrier, et les capacités de ces robots n’étaient pas clairement observables, bien qu’ils aient discuté avec des visiteurs et fait le service.
«Elon Musk parle de l’imminence de la disponibilité des voitures autonomes depuis plus d’une décennie», commente Paul Miller, analyste chez Forrester. Mais «nous n’en sommes pas encore là». Tesla affiche sur ce terrain plusieurs années de retard sur les véhicules de Waymo, de Google (Alphabet) et Cruise, du géant automobile General Motors (GM), qui circulent depuis 2021.
Toujours pas d’autorisation pour des tests
Waymo dispose de plus de 700 robotaxis, dont 300 à San Francisco, mais le service est également présent à Phoenix (Arizona), Austin (Texas), Los Angeles et bientôt Atlanta (Géorgie). Chaque semaine, la société assure 100.000 courses payantes. Des tests ont commencé sur des autoroutes et vers l’aéroport de Phoenix.
Cruise circulait à Phoenix, San Francisco, Houston et Austin jusqu’à la suspension de ses activités en octobre 2023 après des accidents. Elles ont repris cinq mois plus tard, avec des restrictions. Selon Garrett Nelson, analyste de CFRA Research, «Tesla ne possède toujours pas d’autorisation pour faire des tests de véhicules autonomes» sur le réseau routier.
Bardés de caméras et de lidars (lasers de détection), les robotaxis suscitent des débats intenses sur les avancées et les risques qu’ils représentent. «Autopilot», le système d’aide à la conduite de Tesla, a été mis en cause dans des accidents mortels. Son robotaxi ne sera pas équipé de lidars, Elon Musk estimant les caméras jumelées avec un «cerveau artificiel» suffisantes.
Le défi est avant tout technologique, pour atteindre le plus haut niveau d’autonomie, considéré comme l’équivalent du conducteur humain. Selon S&P Global Mobility, ce ne sera pas avant 2035. Contrairement aux véhicules conduits par des humains, les robotaxis peuvent circuler 24 heures sur 24, sans pause, et des études montrent qu’ils sont moins accidentogènes. En revanche, sur une route non balisée ou en plein blizzard, ils pourraient atteindre leurs limites.