Émeutes au Royaume-Uni: Starmer veut des condamnations «rapides», nouvelles violences

Un émeutier brandit un drapeau britannique lors d'une manifestation organisée par des militants d'extrême droite à Weymouth, en Angleterre, où est amarrée une barge d'hébergement de migrants, le 4 août 2024. AFP or licensors

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis une réponse ferme pour mettre un coup d’arrêt aux violences d’extrême droite qui se sont propagées à travers le Royaume-Uni. Pour les observateurs, la montée d’un discours islamophobe et anti-immigration dans la classe politique a encouragé les manifestants.

Le 06/08/2024 à 07h02

Condamnations «rapides», envoi de policiers spécialisés, le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis une réponse ferme pour mettre un coup d’arrêt aux violences d’extrême droite qui se sont propagées à travers le Royaume-Uni pendant le week-end et ont donné lieu à de nouvelles violences lundi soir.

Une semaine après l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes dans le nord-ouest de l’Angleterre, sur fond de spéculations sur l’origine du suspect, le pays est confronté à ses pires émeutes depuis 13 ans. Ces derniers jours ont vu des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ou des mosquées prises pour cible, des commerces pillés.

Sans commune mesure avec la violences des incidents du week-end passé, la soirée de lundi a toutefois été émaillée d’incidents. À Plymouth (sud-ouest), la chaîne Sky News a diffusé dans la soirée les images en direct d’un face-à-face tendu entre extrême droite et contre-manifestants, séparés par des policiers de part et d’autre d’une route, ponctués de jets de projectiles.

La police locale a évoqué des violences envers les forces de l’ordre, dont une camionnette a été endommagée. «Des arrestations sont en cours», a précisé la police locale sur X.

Des centaines d’interpellations

La chaîne a en outre rapporté qu’un de ses véhicules a été attaqué par un homme brandissant un couteau à Birmingham (centre), où s’est rassemblée une foule d’hommes de confession musulmane se disant «prêts» à défendre la rue après des rumeurs sur la tenue d’un rassemblement d’extrême droite. La police a procédé à plus de 378 interpellations depuis le début des heurts, selon le NPCC, organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police à travers le pays.

À l’issue d’une réunion de crise à Downing Street, le chef du gouvernement travailliste a annoncé la mobilisation d’une «armée» de réserve de policiers spécialisés pour faire face aux heurts, sans plus de détails.

Au pouvoir depuis un mois, Keir Starmer a souligné que sa priorité «absolue» était de mettre fin aux désordres et que «les sanctions pénales soient rapides», et de «faire en sorte que les rues soient sûres pour le public», après les heurts du week-end.

Les émeutes ont éclaté à Southport au lendemain de l’attaque au couteau dans cette ville balnéaire, après des rumeurs depuis démenties sur la religion et l’origine du suspect de 17 ans, Axel Rudakubana, inculpé pour meurtres et tentatives de meurtres. Officiellement, on sait seulement qu’il est né au Pays de Galles.

Discours islamophobe et anti-immigration

Après plusieurs jours d’affrontements, notamment à Liverpool (nord-ouest), à Belfast (Irlande du Nord) ou encore Bristol (sud-ouest), ces rassemblements ont été marqués par des violences contre deux hôtels hébergeant des demandeurs d’asile.

À Rotherham (nord), plus de 700 personnes, selon la police, se sont rassemblées, ont brisé des vitres d’un hôtel et déclenché un incendie, certains criant des slogans comme «Mettez- les dehors». Douze policiers ont été blessés. À Tamworth, près de Birmingham (centre), un hôtel a été pris pour cible par des assaillants qui ont en particulier «brisé des vitres, allumé des feux et ciblé la police», selon cette dernière.

La police a notamment pointé du doigt la responsabilité de l’English Defence League, un groupuscule d’extrême droite créé il y a 15 ans, qui a formellement cessé d’exister mais dont le réseau reste actif et dont les actions anti-immigration ont souvent été émaillées de débordements.

Certains commentateurs et responsables politiques estiment plus généralement que la montée d’un discours islamophobe et anti-immigration dans la classe politique a encouragé les manifestants.

Par Le360 (avec AFP)
Le 06/08/2024 à 07h02