Quelques heures avant cette réunion sur la base américaine de Ramstein, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark ont annoncé de nouvelles livraisons substantielles d'armes à l'Ukraine.
Washington va débloquer une nouvelle aide militaire de 2,5 milliards de dollars, comprenant 59 blindés Bradley, qui s'ajouteront aux 50 véhicules blindés légers de ce type promis le 6 janvier, et 90 blindés de transport de troupes Stryker, selon le Pentagone.
L'armée américaine va également livrer à l'Ukraine 53 véhicules blindés antimines (MRAP) et 350 véhicules de transport M998, le fameux Humvee. Cette nouvelle tranche porte à 26,7 milliards de dollars l'aide militaire totale des Etats-Unis à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février.
Mais cette nouvelle tranche d'aide ne comprend aucun char lourd, comme les Abrams, que les Etats-Unis disent ne pas être encore prêts à fournir à Kiev pour des raisons de maintenance et de formation.
Le Royaume-Uni s'est engagé quant à lui à envoyer à l'Ukraine 600 missiles supplémentaires Brimstone, le Danemark 19 canons Caesar de fabrication française, et la Suède des canons automoteurs Archer.
Des systèmes qui ont tous une portée de plusieurs dizaines de kilomètres, inférieure à celle réclamée par les Ukrainiens.
Londres avait déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 à Kiev, et la Pologne se dit prête à lui livrer 14 chars de combat Leopard 2 de fabrication allemande, un total encore loin des centaines de ces véhicules dont l'Ukraine dit avoir besoin.
«Décisions fortes» La rencontre de vendredi est la troisième sous ce format dit «Ramstein» depuis le début du conflit. Les ministres de la Défense et hauts-responsables militaires d'une cinquantaine de pays se réunissent autour du secrétaire d'Etat américain à la Défense, Lloyd Austin.
«Nous nous préparons à Ramstein demain. Nous attendons des décisions fortes. Nous attendons un soutien militaire puissant de la part des Etats-Unis», a déclaré M. Zelensky dans son allocution vidéo de jeudi soir.
«Quelques pays» vont envoyer des chars Leopard 2 à l'Ukraine, a dit jeudi le ministre lituanien de la Défense Arvydas Anusauskas, ajoutant que «d'autres informations» seront divulguées vendredi.
«Il faut des chars allemands, des chars finlandais, des chars danois, des chars français, cela veut dire que l'Europe occidentale elle-même doit maintenant allouer des chars plus modernes à l'Ukraine, afin qu'elle puisse simplement se défendre», a quant à lui plaidé le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
L'Allemagne fait l'objet d'une pression croissante de la part de plusieurs de ses voisins européens pour qu'elle autorise des livraisons de Leopard. Son nouveau ministre de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré jeudi que la réponse serait «claire dans les prochaines heures ou demain (vendredi) matin».
S'exprimant par visio-conférence en marge du Forum économique de Davos en Suisse, M. Zelensky a de son côté brocardé, ceux qui disent «+je livrerai des chars si quelqu'un d'autre le fait+».
Une claire allusion à l'Allemagne, dont le chancelier Olaf Scholz a déclaré à des élus du Congrès américain à Davos que son pays ne fournirait des chars lourds à l'Ukraine que si les Etats-Unis en envoyaient également, selon un haut-responsable américain.
«Trembler devant Poutine»«Contre des milliers de chars de la Russie (...), le courage de notre armée et la motivation du peuple ukrainien ne suffisent pas», a martelé M. Zelensky.
Peu après, l'un de ses conseillers, Mykhaïlo Podoliak, a appelé les Occidentaux à cesser de «trembler devant Poutine» et à livrer des blindés lourds à l'Ukraine.
Selon les experts, des chars lourds modernes et de conception occidentale seraient un avantage crucial pour Kiev dans les batailles qui s'annoncent dans l'Est de l'Ukraine, où la Russie reprend l'offensive après avoir subi de lourds revers cet hiver.
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Les autorités ukrainiennes disent également avoir besoin de systèmes de missiles d'une portée de plus de 100 km pour pouvoir frapper la chaîne logistique russe, en particulier les dépôts de munitions.
Mais les Occidentaux craignent, malgré les assurances ukrainiennes, que Kiev ne provoque une escalade en usant de ces armes pour frapper en profondeur le territoire russe et les bases aériennes et navales de Crimée, une péninsule annexée en 2014 par la Russie.
Le Kremlin a d'ailleurs adressé jeudi un avertissement clair: la livraison d'armes de plus longue portée «signifierait que le conflit atteindrait un nouveau palier».