Espagne: l’investiture du chef de la droite, Alberto Núñez Feijóo, a priori vouée à l’échec

Le chef du parti espagnol d'opposition de droite Partido Popular (PP), Alberto Nunez Feijoo, prend la parole lors d'un meeting de campagne à Madrid le 20 juillet 2023.. AFP or licensors

Le chef de la droite espagnole, Alberto Núñez Feijóo, brigue mardi le poste de Premier ministre devant le Parlement. Une candidature vouée, sauf surprise, à l’échec pour le conservateur, arrivé en tête des élections fin juillet mais sans majorité.

Le 26/09/2023 à 07h30, mis à jour le 26/09/2023 à 07h30

S’il se confirme, comme attendu, cet échec ouvrira la voie à une candidature du Premier ministre socialiste sortant Pedro Sánchez, persuadé pour sa part de pouvoir obtenir le soutien indispensable des indépendantistes catalans qui réclament en échange une mesure d’amnistie divisant l’opinion publique.

Chargé par le roi Felipe VI de former un gouvernement, M. Feijóo, 62 ans, montera à la tribune de la Chambre des députés à 12H00 (10H00 GMT) pour présenter le programme qu’il soumettra au vote des parlementaires mercredi.

Pour être investi lors de ce vote, le chef du Parti Populaire (PP) doit obtenir une majorité de 176 députés sur 350. Or, il ne peut compter que sur 172 voix, essentiellement grâce au soutien de l’extrême droite de Vox qui fait figure d’épouvantail pour d’autres formations.

Un deuxième vote, où une majorité simple suffit, aura lieu vendredi. Mais, sauf coup de théâtre, le conservateur ne sera pas non plus en mesure de l’emporter.

«Chantage»

Conscient de son absence de soutiens, M. Feijóo attaque en règle depuis des semaines les discussions en cours entre son rival socialiste et le parti indépendantiste catalan de Carles Puigdemont, leader de la tentative de sécession de 2017.

Ce dernier, qui a fui en Belgique en 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires, exige l’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice espagnole en échange de l’appui crucial des députés de sa formation.

Agitant des drapeaux espagnols, environ 40.000 militants du PP, selon la préfecture, ont dénoncé dimanche dans le centre de Madrid cette exigence des indépendantistes catalans.


Entouré par les deux anciens chefs du gouvernement PP, José María Aznar (1996-2004) et Mariano Rajoy (2011-2018), Alberto Núñez Feijóo a réitéré devant ses partisans son refus du «chantage» des indépendantistes «même si cela me coûte la présidence du gouvernement».

Sánchez en embuscade

Le revers annoncé de M. Feijóo lors du premier vote de mercredi lancera un compte à rebours de deux mois avant la convocation de nouvelles législatives.

Durant ces deux mois, M. Sánchez - qui a déjoué tous les sondages le donnant largement perdant lors des législatives du 23 juillet - tentera à son tour d’obtenir la confiance du Parlement pour être reconduit au pouvoir.

Un exercice également hautement périlleux pour le Premier ministre qui doit trouver une formule d’amnistie contentant les indépendantistes sans déclencher de fronde au sein de son propre parti, où cette idée a suscité une levée de boucliers de certains barons.

Dans ce contexte, le PP essaie depuis plusieurs jours d’ouvrir une brèche au sein du Parti socialiste en appelant les députés de cette formation opposés à l’amnistie à reconsidérer leur position vis-à-vis de l’investiture de Feijóo. Un appel à la «défection» dénoncé dimanche par M. Sánchez comme «la pire des corruptions».

Le socialiste, qui a prouvé ces dernières années sa grande capacité à survivre politiquement, affiche son optimisme sur sa capacité à être reconduit au pouvoir avec le soutien de l’extrême gauche et des partis basques et catalans.

Le PP «manifeste contre un gouvernement socialiste», a-t-il dit, lors d’un meeting, en référence au rassemblement de dimanche à Madrid, «mais je suis désolé, il y aura un gouvernement socialiste» investi prochainement par le Parlement.

Par Le360 (avec AFP)
Le 26/09/2023 à 07h30, mis à jour le 26/09/2023 à 07h30