Intel, en retard sur ses concurrents dans les puces adaptées à l’intelligence artificielle (IA) générative, a annoncé le jeudi 1er août un grand plan social pour réduire ses coûts de 10 milliards de dollars, en licenciant plus de 15% de son personnel d’ici la fin de l’année. Le géant américain des semi-conducteurs comptait près de 125.000 employés fin 2023, ce sont donc quelque 18.000 personnes qui devraient perdre leur travail.
Le groupe a réalisé 12,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires au deuxième trimestre, moins qu’attendu par les analystes et en baisse de 1% sur un an. Surtout, il a publié une perte nette de 1,6 milliard de dollars, contre 1,5 milliard de bénéfice net il y a un an. Il a aussi annoncé qu’il ne verserait pas de dividende à la fin de l’année.
Son action perdait plus de 19% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. «Notre performance financière a été décevante au deuxième trimestre, même si nous avons franchi des étapes clés en matière de technologie», a reconnu Pat Gelsinger, le patron d’Intel, cité dans le communiqué de résultats.
«Vents contraires»
L’entreprise a subi des «vents contraires» au deuxième trimestre qui ont freiné la production de composants pour la nouvelle génération d’ordinateurs adaptés à l’IA, selon son directeur financier David Zinsner. «En orchestrant une réduction des coûts, nous prenons des mesures proactives pour améliorer nos bénéfices», a-t-il déclaré.
Intel compte réduire ses dépenses en capital de plus de 20% pour l’ensemble de l’année, à un montant compris entre 25 et 27 milliards de dollars. Toutefois, le plan de réduction des coûts «peut soutenir ses finances à court terme, mais cette mesure ne suffit pas à redéfinir sa position sur le marché des puces en pleine évolution», a réagi Jacob Bourne, analyste chez Emarketer.
Les concurrents d’Intel, comme les Américains Nvidia et AMD, qui conçoivent des semi-conducteurs, et le Taïwanais TSMC, qui fabrique les puces de pointe, capitalisent sur la vague de l’IA générative, avec l’explosion de la demande pour ces composants nécessaires à son fonctionnement.
«Moment critique»
Soucieux de réduire leur dépendance à l’Asie, les Etats-Unis dépensent des dizaines de milliards de dollars pour relancer la production locale de semi-conducteurs. Et Intel fait partie des bénéficiaires. La société a ainsi annoncé la construction de nouvelles capacités de production dans plusieurs Etats américains.
Mais elle a pris du retard dans les puces les plus chères et les plus demandées, celles adaptées aux serveurs sur lesquels sont entraînés les modèles d’IA générative. Elle parie donc sur les composants pour les appareils avec de nouvelles capacités d’IA, notamment les nouveaux ordinateurs portables dévoilés cette année par HP, Microsoft et d’autres.
L’entreprise californienne «se trouve à un moment critique» et «sa capacité à mettre en œuvre avec succès sa stratégie de fonderie (usine de fabrication des puces, NDLR) sera cruciale pour déterminer si elle peut se transformer en un vrai rival de TSMC», souligne Jacob Bourne.