Dans un long communiqué annonçant de gros contrats et promettant des partenariats plus poussés dans de multiples domaines, Joe Biden et son invité, le Premier ministre indien Narendra Modi, assurent avoir établi «la vision la plus complète à ce jour pour le progrès de la relation bilatérale». Le président américain, soucieux de resserrer le lien avec l’Inde pour tenir tête à la Chine, a loué lors d’une conférence de presse une relation bilatérale «plus forte, plus étroite et plus dynamique que jamais».
Chose très rare, si ce n’est inédite, pour un dirigeant qui évite les interactions de ce genre, le dirigeant nationaliste hindou a répondu lors de cet événement à une journaliste américaine. Cette dernière l’a interrogé sur les accusations de répression des musulmans et de dérive autoritaire émises par de nombreuses associations ainsi que par l’ONU. «Dans les valeurs démocratiques de l’Inde, il n’y a absolument aucune discrimination», a-t-il dit.
Le sujet a suivi Narendra Modi lors de son allocution au Congrès américain. «Nous accueillons toutes les religions du monde», a-t-il assuré dans l’hémicycle de la Chambre des représentants. Des parlementaires démocrates, pourtant alliés du président, ont boycotté sa venue.
Narendra Modi avait, avant de devenir Premier ministre il y a 9 ans, été indésirable pendant des années aux États-Unis à cause de «graves violations de la liberté religieuse». Cette fois, plus de problème de visa, mais le tapis rouge et tous les fastes de la Maison Blanche pour le Premier ministre indien, au nom des intérêts stratégiques communs face au géant chinois.
L’Inde est engagée dans un conflit frontalier avec la Chine, tandis que Joe Biden cherche à renforcer sa position dans la rivalité tous azimuts entre Washington et Pékin. Le président américain a toutefois assuré qu’il espérait toujours rencontrer «prochainement» son homologue chinois Xi Jinping, qu’il a récemment rangé dans la catégorie des «dictateurs», au grand dam de Pékin.
Reçu le matin avec les honneurs militaires pour son arrivée, Narendra Modi a eu droit le soir à un élégant dîner végétarien, sous une tente pavoisée de vert dressée dans les jardins de la Maison Blanche. Le Premier ministre indien a porté un toast -sans alcool, car tout comme Joe Biden, il n’en boit pas, et en anglais- aux «liens indéfectibles d’amitié» entre les deux pays.
Narendra Modi -qui entretenait une très bonne relation avec Donald Trump, prédécesseur de Joe Biden et son potentiel rival pour la présidentielle de 2024- a multiplié les remerciements, compliments et anecdotes chaleureuses pour son hôte.
Le président américain a levé son verre à «deux grandes nations, deux grands amis, deux grandes puissances». Il a aussi vanté les liens humains entre les deux pays, en donnant l’exemple de la vice- présidente Kamala Harris, dont la mère a quitté l’Inde pour les États-Unis à l’âge de 19 ans.
- Avions de chasse et drones -
L’annonce la plus forte de la visite a été celle de la fabrication à venir en Inde de moteurs pour avions de chasse par le conglomérat General Electric. L’Inde va par ailleurs acquérir des drones de combat américains.
Joe Biden ne peut que se réjouir de voir l’Inde diversifier ses équipements de défense, elle qui est historiquement dépendante de la Russie en la matière, et qui a adopté une position réservée face à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine. Narendra Modi a toutefois appelé jeudi, dans son communiqué commun avec le président américain, à respecter «l’intégrité territoriale et la souveraineté» de l’Ukraine.
La visite a aussi permis d’approfondir la relation économique. Le groupe américain Micron, poids lourd des semi-conducteurs, a par exemple annoncé un investissement de plus de 800 millions de dollars dans une usine en Inde. Les États-Unis ne sont pas les seuls à courtiser le pays le plus peuplé du monde. Narendra Modi sera le 14 juillet l’invité d’honneur du défilé militaire de la fête nationale française, à Paris.