Dans un contexte de tensions grandissantes en Asie-Pacifique, notamment avec la Chine et la Corée du Nord, les États-Unis et le Japon ont décidé mercredi de renforcer leurs liens sur le plan de la défense, déjà très importants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Voici les principales annonces à retenir.
Une coordination militaire «plus efficace»
L’initiative majeure consiste à améliorer «l’interopérabilité» des troupes américaines basées au Japon et des Forces japonaises d’autodéfense (FJA), en rendant leurs structures respectives de commandement et de contrôle plus intégrées.
Quelque 54.000 soldats américains sont basés au Japon, la plupart à Okinawa (sud-ouest de l’archipel), en vertu d’une alliance de sécurité entre les deux pays forgée après la défaite du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et consolidée par un traité bilatéral de coopération mutuelle et de sécurité en 1960, qui est toujours en vigueur.
Cependant à l’heure actuelle, les troupes américaines au Japon dépendent étroitement du commandement Indo-Pacifique des États-Unis, basé à Hawaï, à plus de 6.000 km de Tokyo et 19 heures de décalage horaire.
«Un commandement et un contrôle plus efficaces entre les États-Unis et le Japon renforceront la dissuasion et favoriseront une région indo-pacifique libre et ouverte face aux défis pressants en matière de sécurité régionale», selon la déclaration commune du président américain Joe Biden et du Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Même si la ligne directrice reste «clairement celle de la dissuasion», cette évolution devrait rendre les forces armées des deux pays «mieux préparées que jamais face à toute éventualité dans la région, qu’il s’agisse de la Chine ou de la Corée du Nord», a déclaré à l’AFP James Brady, vice-président du cabinet d’études Teneo.
Codéveloppement, coproduction, comaintenance
D’importants partenariats entre les industries de défense américaine et japonaise sont prévus, notamment pour codévelopper et coproduire des missiles et assurer une comaintenance de navires et avions militaires américains au Japon.
Un «forum» dédié à identifier les domaines prioritaires de cette coopération industrielle bilatérale va être constitué, dans le but également de «mieux intégrer» les politiques industrielles de défense des deux pays, et par conséquent leurs achats ainsi que leurs «écosystèmes scientifiques et technologiques» en la matière.
Cela devrait permettre «d’intégrer profondément l’industrie de défense japonaise dans les réseaux de production, de développement et de maintenance qui sous-tendent les capacités globales de l’armée américaine», note encore M. Brady.
Washington veut aussi davantage aider Tokyo à se doter de ses propres capacités de contre-attaque, une mesure phare de la nouvelle doctrine de sécurité adoptée le Japon fin 2022, malgré la Constitution pacifiste du pays. Plus de coopération bilatérale est également projeté dans les renseignements, la cybersécurité, la protection des infrastructures sensibles ou encore dans la formation de pilotes d’avions de combat.
Coopération multilatérale renforcée
La déclaration commune propose une «vision» pour coopérer sur une «architecture de défense aérienne» associant les États-Unis, le Japon et l’Australie. L’alliance de sécurité Aukus (réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie) envisage déjà de collaborer avec le Japon dans le développement de nouvelles technologies de défense, est-il rappelé.
Le Royaume-Uni va par ailleurs participer à partir de l’an prochain à des manoeuvres militaires américano-japonaises, une initiative saluée par MM. Biden et Kishida dans leur déclaration.
Le Japon vient lui de participer à des exercices militaires en mer de Chine méridionale avec les États-Unis, les Philippines et l’Australie. Ces manoeuvres ont irrité Pékin, qui a un contentieux avec Manille sur des zones maritimes dans la région. Un sommet tripartite inédit est d’ailleurs prévu jeudi à Washington entre M. Biden, M. Kishida et le président philippin Ferdinand Marcos.