Le président américain s’en prend aux trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis, qui représentent au total plus de 40% des importations du pays.
Il affirme vouloir ainsi forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux États-Unis.
Pékin a dit dimanche «s’opposer fermement» aux nouveaux droits de douane américains sur les produits chinois officialisés par le président Donald Trump et promis de répliquer avec des mesures «correspondantes».
«La Chine est vivement mécontente et s’oppose fermement» à ces nouvelles taxes, a fustigé le ministère du Commerce dans un communiqué, en annonçant des mesures «correspondantes pour résolument protéger» les «droits et intérêts» chinois. Pékin va par ailleurs déposer plainte contre Washington auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), selon le ministère.
Réactions mexicaines et canadiennes
Les réactions mexicaines et canadiennes ne se sont pas fait attendre. Quelques heures plus tard, la présidente Claudia Sheinbaum, employant un ton cinglant, a annoncé que des droits de douane seraient imposés en représailles sur les produits américains, sans donner de détails.
De son côté, le Canada a imposé «des droits de douane de 25% sur des produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens» (102 milliards d’euros), a annoncé le premier ministre démissionnaire Justin Trudeau.
Dès mardi, ces droits de douane seront appliqués sur 30 milliards de dollars de marchandises, a ajouté le chef du gouvernement sur un ton très grave et qui a expliqué avoir parlé à la présidente mexicaine.
La taxation américaine entrera en vigueur au plus tôt mardi 4 février, selon un premier décret présidentiel que l’AFP a pu consulter. Les hydrocarbures du Canada seront toutefois taxés à seulement 10%.
Donald Trump a expliqué sur son réseau Truth Social s’appuyer sur une loi de 1977, l’International Emergency Economic Powers Act, qui permet au président de réglementer le commerce en cas de situation d’urgence nationale.
En cause, «la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl. Nous devons protéger les Américains et c’est mon devoir en tant que président de m’assurer de la sécurité de tous», a écrit Trump.
«Pleine coopération»
Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière. Il reproche également au Mexique et au Canada de ne pas suffisamment contrôler les flux migratoires vers les États-Unis.
«Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux États-Unis», a expliqué la Maison Blanche sur son compte X.
Concernant le Mexique, ils resteront en place «jusqu’à ce que le Mexique coopère avec les États-Unis pour lutter contre le trafic de drogue. Les cartels mexicains sont les premiers trafiquants mondiaux de fentanyl, méthamphétamine et d’autres drogues».
La Maison Blanche a affirmé que les cartels avaient «fait alliance avec le gouvernement mexicain», sans pour autant fournir de preuves. Une affirmation qualifiée de «calomnie» par Claudia Sheinbaum.
Quant au Canada, la présidence américaine a estimé que «la production de fentanyl y progresse».
La Chine pour sa part «joue un rôle central dans la crise de fentanyl qui détruit des vies américaines» et les droits de douane s’appliqueront «jusqu’à ce que nous nous assurions de la pleine coopération» de Pékin en la matière, selon la même source.
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Du fait de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM), les entreprises ne paient théoriquement pas de droits de douane si elles appliquent les règles prévues par l’accord.
Certaines font cependant le choix de ne pas suivre ces directives et se voient dès lors appliquer un droit de douane, généralement compris entre 5% et 6%.
«Garder la tête froide»
Au Mexique, Sheinbaum a rencontré dans la journée des chefs d’entreprise, son ministre de l’Économie, Marcelo Ebrard et plusieurs ministres.
«Nous savions pour les droits de douane, mais il est sans précédent de voir le gouvernement américain faisant officiellement le lien entre le gouvernement mexicain et les narcotrafiquants», a déclaré à l’AFP l’ancien ambassadeur mexicain Agustin Gutierrez Canet.
«Ce paragraphe est extrêmement dur et inquiétant, c’est l’élément le plus grave au-delà de l’aspect économique. Trump est coutumier de ce type de rhétorique pour mettre la pression, mais personne ne devrait agir à la légère de la sorte», a-t-il ajouté.
Pour Wendy Cutler, vice-présidente de l’Institut de politique publique Asia Society, les taxes «sont un signal clair que tous nos amis, voisins et partenaires sous le traité de libre-échange, sont dans la ligne de mire».
Pour le Canada et le Mexique, «la pression intérieure pour des représailles va être forte, mais cela va compliquer la possibilité d’une solution négociée».
Vendredi, Donald Trump a laissé entendre que l’Union européenne pourrait être bientôt concernée, estimant qu’elle avait «très mal traité» les États-Unis.
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