Le président russe a multiplié les rencontres tout au long de la journée à Kazan en Russie, s’entretenant tour à tour avec les dirigeants indien, sud-africain ou encore avec son grand partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.
«La coopération russo-chinoise sur la scène internationale est l’un des facteurs de stabilité mondiale», a estimé Vladimir Poutine au début de cette rencontre avec Xi Jinping.
Dans un contexte international «chaotique», «l’amitié profonde qui unit la Chine et la Russie de génération en génération ne changera pas», a assuré en retour le chef de l’Etat chinois.
Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le conflit en Ukraine a été longuement abordé, ainsi que les relations avec les Occidentaux. «Une fois de plus, il y a eu une convergence significative des positions et des approches sur ce qui se passe dans le monde», a-t-il affirmé.
Dans la soirée, M. Poutine a rencontré le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, dont le pays a récemment rejoint les Brics. M. Sissi a loué le soutien de Moscou aux projets économiques de son pays, dont la centrale nucléaire de Dabaa sur la côte méditerranéenne.
Le président du Vénézuela, Nicolas Maduro, est lui aussi arrivé à Kazan pour participer au sommet des Brics, que son pays ambitionne d’intégrer. Ce grand allié de Moscou en Amérique latine ne s’était pas rendu en Russie depuis 2019.
«Ami précieux»
Illustrant son ambition de mettre fin à «l’hégémonie» occidentale dans les relations internationales, Vladimir Poutine avait auparavant loué, devant le Premier ministre indien Narendra Modi, l’excellence des relations entre leurs pays, tant diplomatiques que commerciales.
«Nous croyons que les conflits ont vocation à être réglés uniquement pacifiquement. Nous soutenons totalement les efforts pour rétablir rapidement la paix et la stabilité», a déclaré M. Modi, dont le pays, comme la Chine, n’a jamais condamné l’offensive russe en Ukraine.
Ce sommet, qui réunit autour de M. Poutine une vingtaine de dirigeants, vise à démontrer l’échec de la stratégie occidentale d’isolement du président russe pour prix de son offensive en Ukraine.
Il se déroule à un moment où la Russie gagne du terrain sur le plan militaire en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires ou concurrents des Etats-Unis: Chine, Iran, Corée du Nord.
Dans ce marathon diplomatique de Moscou en direction des pays dits du «Sud global», le président sud-africain Cyril Ramaphosa a donné un motif de satisfaction à Vladimir Poutine, en qualifiant la Russie d’«allié» et d’ «ami précieux».
M. Poutine lui a répondu vouloir encore « renforcer les relations avec les pays du continent africain ».
Sur le plan du commerce international aussi, Vladimir Poutine entend avancer ses pions.
Dans un entretien avec la présidente brésilienne de la Nouvelle banque de développement, Dilma Rousseff, il a réitéré son souhait d’une augmentation du nombre des «règlements en monnaies nationales» entre les pays des Brics.
En butte aux sanctions économiques occidentales et avec ses principales banques exclues de la plateforme de paiement international Swift, la Russie plaide pour la mise en place d’un système alternatif afin de faire pièce à l’hégémonie du dollar.
Le chef de l’Etat russe s’entretiendra mercredi avec ses homologues turc Recep Tayyip Erdogan - dont le pays, membre de l’Otan, a demandé à rejoindre les Brics - et iranien Massoud Pezeshkian.
«Monde multipolaire»
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de la déportation d’enfants ukrainiens dont Kiev accuse Moscou (qui rejette ces accusations), Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l’étranger.
Pour ce grand raout diplomatique, Moscou juge « crucial » de démontrer qu’ «il y a une alternative aux pressions occidentales (...) et que le monde multipolaire est une réalité», relève l’analyste politique russe Konstantin Kalatchev.
L’Ukraine sera au menu du sommet jeudi avec une rencontre annoncée par le Kremlin entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU.
L’ONU n’a pas directement confirmé cette entrevue avec M. Poutine, la première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022, mais a fait savoir que M. Guterres s’entretiendrait avec un «grand nombre de dirigeants participant au sommet».
«Le Secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d’une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations unies et le droit international», a souligné l’un de ses porte-parole, Farhan Haq.
Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l’Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais dit des Brics (les initiales de ces Etats en anglais) a été rejoint cette année par quatre autres pays (Ethiopie, Iran, Egypte et Emirats arabes unis).