C’est l’histoire incroyable de Abdelaali El Badaoui, fils d’un ancien berger et d’une mère au foyer marocains, qui se sont installés en France, il y a plusieurs décennies, pour y trouver du travail.
Premières rencontres avec les inégalitésAlors qu’il est âgé de sept ans, 70% de son corps est brûlé lorsqu’il trébuche sur une bassine d’eau bouillante, dans leur petit appartement familial de Seine-et-Marne, en région parisienne.
Hospitalisé d’urgence, le petit garçon se rend alors compte du désarroi de ses parents, tous deux analphabètes et ne maîtrisant pas la langue française, face au système médical. «L’impuissance de mes parents m’a beaucoup marqué», explique-t-il au magazine L’Obs, qui lui consacre un long portrait.
Puis, il y a eu ce jour où son père est tombé malade pour avoir été trop exposé à la silice et à l’amiante dans les mines du Nord de la France dans les années 1970.
Il se retrouve alors encore une fois confronté aux inégalités face à la santé. En effet, personne ne croit à sa maladie…
«Je l’ai vu se battre pendant quinze ans pour faire reconnaître sa maladie professionnelle», explique le jeune homme qui entend aujourd’hui «colmater les brèches d’un système de santé qui oublie souvent les plus fragiles», résume l’Obs.
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Aider les autres pour changer le mondeDe ces expériences, le trentenaire qu’il est aujourd’hui a décidé de tirer des leçons et d’aider les autres. Adolescent déjà, il devient agent hospitalier et a pour principale mission de traduire et de vulgariser le discours médical aux patients qui ne comprennent pas la langue française.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Abdelaali El Badaoui a créé sa propre association en 2018, Banlieues Santé.
Objectif suprême de l’association: ramener «sur le parcours du soin» ceux qui «sont trop souvent dans l’angle mort des politiques de santé publique», tout comme les parents de Abdelaali El Badaoui.
Une mission d’autant plus importante que la pandémie du Covid-19 a fait de nombreuses victimes parmi les plus fragiles, ceux qui vivent notamment trop nombreux dans des habitations exigües faute de moyens.
Sa mission principale de l’année consiste donc à se rendre dans les banlieues, les quartiers populaires, afin d’expliquer à la population les mesures sanitaires liées au Covid-19, démonter les idées reçues ainsi que les théories du complot.
Car ce qui motive encore aujourd’hui le jeune homme, c’est épargner à d’autres ce à quoi ses propres parents se sont retrouvés confrontés.