Le message lumineux «Le revers de la médaille» a été projeté vers 23H00 sur la façade du Cojo à Saint-Denis (Seine- Saint-Denis), en région parisienne, autour duquel plusieurs dizaines d’acteurs associatifs ont placardé des affiches, a constaté un journaliste de l’AFP.
«PLUS VITE pour vider l’Ile-de-France des populations précarisées », «PLUS HAUT vers l’exploitation des travailleurs sans-papiers», «PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue», «ENSEMBLE exigeons la prise en compte des personnes exclues», dénoncent les associations sur des pancartes, détournant ainsi la fameuse devise olympique.
«L’expérience des méga-événements sportifs dans le monde révèle un risque avéré de “nettoyage social” des rues. À ce jour, tout porte à croire que les JO-2024 s’inscrivent dans cette dynamique», ont écrit lundi plus de 70 organisations, dont Médecins du monde, le Barreau de Paris, Action contre la faim ou encore Emmaüs France, dans une lettre ouverte destinée au Cojo, aux athlètes et aux fédérations.
Les associations s’inquiètent notamment des démantèlements de campements informels en région parisienne, du déplacement de sans-abri, des évacuations de foyers de travailleurs immigrés ou encore d’interdictions de distributions alimentaires. «C’est ce revers de la médaille, ce nettoyage social des rues qu’on veut rendre visible: on parle de centaines, voire de milliers de personnes dont on détruit les lieux de vie informels», explique Paul Alauzy, porte-parole de l’ONG Médecins du monde pour la région parisienne.
«Avant-goût»
Pour les seuls squats et foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, signataire de la lettre ouverte, estime à 4.100 le nombre de ressortissants de pays africains qui ont été déplacés le démantèlement de leur lieu de vie. S’y ajoutent plus de 1.600 personnes transférées depuis six mois dans des «sas» d’hébergement en régions, ouverts en avril par le gouvernement pour y orienter les personnes migrantes à la rue en Île-de-France, où les situations de campements sont récurrentes et l’hébergement d’urgence saturé.
Les autorités ont également tenté d’interdire début octobre les distributions alimentaires dans un quartier populaire du nord de Paris, une décision finalement retoquée en justice. Ces exemples ne sont qu’un «avant-goût» des décisions à venir, anticipe Paul Alauzy. «Les politiques qui excluent les populations considérées comme indésirables ont déjà cours depuis longtemps. Les JO n’en sont qu’un accélérateur», estime-t-il.
Quelques heures avant cette action, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était venu dans la même ville de Saint-Denis annoncer des moyens de sécurité «décuplés» pour les Jeux olympiques (26 juillet-11 août 2024), en comparaison avec la Coupe du monde de Rugby.