L’auteur présumé de la brutale attaque au couteau contre des enfants à Annecy, dans le sud- est de la France, subit vendredi un examen psychiatrique pour tenter de déterminer les raisons de son crime qui a profondément choqué dans le pays et à l’étranger.
L’agresseur, un réfugié syrien, a passé la nuit en garde à vue et peut le rester jusqu’à 48 heures après l’attaque qui a fait six blessés, dont quatre très jeunes enfants. Ses motivations restent obscures à ce stade, «sans mobile terroriste apparent» selon le parquet.
L’homme, né en 1991, ne se trouvait pas sous l’emprise de stupéfiants ou de l’alcool. Sans domicile fixe, il se trouvait à Annecy depuis l’automne 2022. «L’enquête en cours va permettre de déterminer le mobile», a déclaré la procureure d’Annecy Line Bonnet-Mathis lors de points presse jeudi, ajoutant qu’elle ne pouvait «pas exclure à ce stade un acte insensé».
«Chrétien de Syrie»
Abdalmasih H., de nationalité syrienne, avait obtenu l’asile en Suède en 2013 où il a vécu pendant 10 ans. «Il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède», a confié son ex-épouse, jointe par l’AFP.
Ce père d’une enfant de 3 ans était en situation régulière quand il est arrivé en France, il y a quelques mois. Dans une nouvelle demande d’asile déposée en France en novembre 2022, il s’était déclaré «chrétien de Syrie», selon une source policière. Et il portait une croix chrétienne quand il a été interpellé.
Selon le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin, les autorités françaises lui ont notifié dimanche dernier, le 4 juin, qu’il ne pouvait obtenir l’asile en France puisqu’il l’avait déjà en Suède. Interrogé sur le lien possible entre ce refus et le passage à l’acte, il a parlé d’une «coïncidence troublante».
Le suspect souffrait d’une «grave dépression», a raconté à l’AFP sa mère, qui vit aux Etats-Unis depuis dix ans. Selon elle, le refus des autorités suédoises de lui accorder la nationalité «l’a probablement rendu fou».
Usant d’un couteau pliable, l’assaillant, short noir et foulard bleu noué sur la tête, s’est attaqué aux enfants, selon des images du drame authentifiées par l’AFP. On le voit dans cette vidéo lever les bras au ciel et crier en anglais «au nom de Jésus!».
Ce cri ne justifie pas en soi une saisine du parquet anti-terroriste, selon une source proche du dossier, expliquant que tel choix a déjà été fait pour des individus criant «Allah akbar» en passant à l’acte, mais sans élément attestant d’une idéologie jihadiste.
«Etat extrêmement fragile»
Le bilan est de quatre enfants blessés, dont un Britannique et un Néerlandais. Âgés de 22 à 36 mois, ils ont été transférés à Genève (Suisse) et à Grenoble, à une centaine de kilomètres au sud d’Annecy. Ils étaient jeudi après-midi dans un état de santé «extrêmement fragile», selon la procureur, «toujours en urgence absolue». Un adulte a été hospitalisé après avoir été blessé par l’agresseur puis touché par les tirs de la police pendant l’interpellation, et un autre adulte a été touché plus légèrement.
L’attaque, qui s’est produite en plein jour dans un parc très fréquenté au bord d’un lac, a horrifié les Annéciens et les milliers de touristes présents en ce début de saison estivale. Un petit autel improvisé avec des bougies, des roses blanches et des messages a été dressé jeudi soir dans un coin de l’aire de jeux où s’est déroulée l’agression.
Le lieu a également donné lieu dans la soirée à une brève manifestation de militants d’extrême droite qui ont défié une interdiction décidée par la préfecture. Entre 30 et 50 militants ont chanté la Marseillaise et lu de courtes déclarations avant de se disperser. Les mêmes militants ont également déambulé plus tard dans la vieille ville en criant des slogans, avec la police toujours à proximité.