À huit jours de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, les syndicats organisent ce jeudi une onzième journée de mobilisation, espérant une nouvelle démonstration de force alors que les discussions avec le gouvernement sont dans l’impasse.
Toujours du monde dans la rue, mais moins de grévistes et de perturbations? Au lendemain d’une rencontre avec Elisabeth Borne qui s’est soldée par un «échec» selon l’intersyndicale, les usagers des transports en commun ne devraient pas affronter de grosses difficultés dans leurs déplacements même si des désagréments sont au rendez-vous.
La SNCF prévoit de faire rouler trois TGV sur quatre et un TER sur deux, un trafic en nette amélioration par rapport aux journées précédentes. Le trafic sera «quasi-normal» pour le métro et le RER à Paris. Sur les routes peu de bouchons étaient constatés en Île-de-France, mais des actions de blocage aux portes de grandes villes ont provoqué des embouteillages, à Lyon ou à Rennes.
Mais comme depuis le 10 janvier et la présentation de la réforme, le plus gros blocage est surtout à rechercher entre l’exécutif et les syndicats avec notamment une relation entre le président Emmanuel Macron et le leader de la CFDT Laurent Berger qui vire à l’aigre.
«Nous avons trouvé face à nous un gouvernement obtus, radicalisé et déconnecté»
— Sophie Binet, secrétaire générale de la Confédération Générale du Travail.
Mercredi, les leaders des huit principaux syndicats se sont rendus à Matignon, l’occasion pour eux de demander à Elisabeth Borne de «retirer» sa réforme, et d’affirmer haut et fort qu’ils refusent en attendant de «tourner la page» et «d’ouvrir, comme le propose le gouvernement, d’autres séquences de concertation». La Première ministre a répondu en affirmant qu’elle n’envisageait «pas d’avancer sans les partenaires sociaux».
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De son côté, l’entourage du président de la République, en déplacement en Chine, a assumé un projet «porté démocratiquement» et rejeté la responsabilité de l’échec du dialogue sur les syndicats, et notamment la CFDT qui n’a pas «voulu entrer dans un compromis». «Stop à la provocation», a réagi le n°1 de la CFDT, Laurent Berger, jeudi sur RTL. «On n’est pas sur un ring».
Plus tôt sur le perron de Matignon, les syndicats avaient donné à voir leur unité, après l’élection de la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, et appelé les Français à manifester et faire grève massivement. «Nous avons trouvé face à nous un gouvernement obtus, radicalisé et déconnecté», a-t-elle déclaré.
Nouvelle mobilisation
Le 28 mars, la mobilisation avait marqué le pas, avec selon le ministère de l’Intérieur 740.000 manifestants en France, «plus de deux millions» selon la CGT. Cette fois-ci les autorités attendent de source policière entre 600 et 800.000 personnes, dont 60 à 90.000 à Paris. 11.500 policiers et gendarmes seront mobilisés, alors que les derniers cortèges ont été émaillés de tensions.
Dans l’Education nationale, autour de 20% des enseignants du primaire seront en grève, selon le Snuipp-FSU. Mardi, le groupe pétrolier Esso-ExxonMobil a annoncé le redémarrage de la production de sa raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime). La raffinerie voisine de TotalEnergies, à Gonfreville-L’Orcher est la seule dont la production est encore arrêtée en raison de la grève.
Une intersyndicale est prévue dans la soirée au siège de Force ouvrière, au cours de laquelle les syndicats devraient annoncer une nouvelle journée de mobilisation avant la décision du Conseil constitutionnel.
Laurent Berger espère que les Sages censurent «l’ensemble de la loi» le 14 avril. À défaut, un feu vert à la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) sur les retraites pourrait aussi «être l’occasion de ne pas promulguer cette loi et de repartir sur de bonnes bases», a-t-il estimé.