Après cinq mois de manifestations contre la réforme des retraites, les syndicats entrevoient la fin du «match» avec une participation au plus bas pour une 14ème journée de mobilisation, hier mardi 6 juin, deux jours avant l’examen à l’Assemblée d’une loi d’abrogation qui a peu de chance d’aboutir.
Le ministère de l’Intérieur a compté 281.000 manifestants en France, et la CGT «plus de 900.000», soit les chiffres les plus faibles depuis le début du mouvement le 19 janvier. «Le match est en train de se terminer, qu’on le veuille ou non, avec cette inconnue de ce qui se passera jeudi à l’Assemblée», a reconnu Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, qui a appelé les syndicats à «peser dans le rapport de force à venir» sur d’autres sujets comme les salaires ou les conditions de travail.
Mais malgré la baisse de l’effectif des participants, les manifestations ont connu leur part de violence. C’est notamment le cas à Lyon, où la manifestation de mardi a été émaillée d’affrontements avec les forces de l’ordre, par ailleurs accusées d’avoir attaqué des membres de l’intersyndicale.
Syndicalistes attaqués par la police
Le cortège de plus de 25.000 participants selon l’intersyndicale (8.000 selon la police) a été le théâtre de plusieurs incidents, avec des abribus cassés, des vitrines détériorées et taguées, des poubelles brûlées et plusieurs affrontements entre un groupe d’environ 400 manifestants et les forces de l’ordre, qui ont plusieurs fois fait usage de gaz lacrymogènes.
Cinq personnes ont été interpellées, selon un bilan provisoire de la préfecture. Toutefois, la CGT du Rhône a dénoncé des violences commises par les forces de l’ordre à l’encontre du service d’ordre intersyndical. Dans un communiqué, le syndicat a affirmé que des membres de la sécurité de la manifestation avaient été attaqués à plusieurs reprises par les forces de police, qui les ont matraqués et visés avec des gaz lacrymogènes.
Plusieurs images circulant sur les réseaux sociaux montrent les forces de l’ordre charger un cordon de syndicalistes identifiés par leurs chasubles place Antonin Poncet, à côté de la place Bellecour, à la fin de la manifestation.
«Une répression inacceptable»
«Cette prise à partie du service d’ordre a occasionné 9 blessés parmi le service d’ordre de l’intersyndicale. Rien ne justifie de s’en prendre à des militantes et militants bénévoles dont le rôle est d’assurer la sécurité des manifestants et manifestantes et le bon déroulement des manifestations», s’est insurgé le syndicat, dénonçant «une répression inacceptable».
Interrogée par l’AFP, la préfecture a indiqué que les forces de l’ordre s’étaient trouvées en position d’intervenir sur des éléments violents, et n’avaient eu d’autre choix que de charger après plusieurs sommations lancées en direction du service d’ordre de l’intersyndicale qui s’interposait.