En redressement judiciaire, le spécialiste de la desserte de l'Algérie est dans une telle impasse financière qu'il ne peut ni dédommager financièrement ses clients ni même assurer le rapatriement des voyageurs dont le vol retour a été annulé.
"Il faut un repreneur sérieux, capable d'offrir des garanties sur un maximum d'emplois. La bonne nouvelle, c'est que plusieurs se sont montrés intéressés", assure le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, lundi dans Le Parisien.
"Lionel Guérin, l'ex-PDG de Hop!, par exemple, est accompagné d'une équipe reconnue dans le monde de l'aviation, avec des soutiens financiers crédibles", indique Jean-Baptiste Djebbari.
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"Le groupe Air France semble lui aussi vouloir faire une offre. Au-delà, d'autres acteurs étudient le dossier, dont le groupe Dubreuil, via Air Caraïbes, ou encore Easy Jet. Cela montre qu'Aigle Azur continue de faire envie", ajoute-t-il.
Aucun repreneur potentiel n'a confirmé ses intentions. "Nous ne faisons pas de commentaire", a déclaré dimanche à l'AFP un porte-parole d'Air France, ajoutant simplement: "la situation évolue".
De leur côté, les syndicats sont partagés sur l'option qui présenterait le plus de sécurité pour les salariés. Le syndicat des pilotes de ligne (SNPL) d'Aigle Azur, aimerait voir émerger une offre de reprise intégrale où se retrouveraient alliés Lionel Guérin, l'ancier dirigeant d'Air France, à la compagnie française.
"Nous poussons très fort une solution de reprise basée sur Air France, qui serait actionnaire minoritaire disposant d'une minorité de blocage, avec Lionel Guérin qui prendrait les rênes et des investisseurs et les salariés qui entreraient au capital", a expliqué Martin Surzur, président du SNPL d'Aigle Azur.
Raphaël Caccia, secrétaire général de la CFDT du transport aérien, estime lui qu'une offre de reprise partielle par Air France de la partie court et moyen courrier (les A320), surtout à destination de l'Algérie, est une "quasi-certitude".
Dans ce cas de figure, le groupe Dubreuil, propriétaire majoritaire d'Air Caraïbes, pourrait reprendre les longs courriers de la compagnie qui desservaient notamment le Mali et le Brésil.
La CFDT, qui n'est pas hostile à ce scénario si tous les salariés retrouvent un emploi, n'exclut pas non plus une offre de reprise partielle par le grand acteur espagnol du low cost Vueling, avant tout intéressé par les créneaux d'atterrissage ("slots") dont Aigle Azur dispose à Paris-Orly. Il s'agit d'un ensemble de 9.800 créneaux horaires annuels dans cet aéroport où le total pour toutes les compagnies est plafonné à 250.000.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait évoqué vendredi dernier "une offre principale" de reprise dans en dire plus.
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Un comité d'entreprise extraordinaire doit se réunir à 15 heures pour examiner les offres de reprises qui auront été déposées. La CFDT appelle les salariés à se retrouver à partir de 13 heures devant le siège social d'Aigle Azur situé dans la zone d'Orly Tech, non loin de l'aéroport, tandis que le SNPL les a appelés à faire de même à 14 heures.
En dehors de l'avenir de la compagnie se pose toujours la question du dédommagement et du rapatriement des voyageurs.
"Sur les 19.000 passagers qui se sont retrouvés en difficulté au plus fort de la crise, il en reste encore 13.000", a précisé lundi Jean-Baptiste Djebbari. "Dont 11.000 sur des vols avec l'Algérie, 600 avec le Mali, puis le Portugal, la Russie, le Liban, et quelques dizaines de personnes avec le Brésil, l'Ukraine et le Sénégal".