France: suspense autour de la présidence de l’Assemblée nationale

Le Palais Bourbon, à Paris, siège de l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement français.

En France, les députés nouvellement élus se réunissent pour la première fois ce jeudi pour élire le président de l’Assemblée nationale, un vote à l’issue incertaine dans un hémicycle profondément fragmenté et où pourrait se dessiner une ébauche de coalition gouvernementale.

Le 18/07/2024 à 08h13

À partir de 15H00 ce jeudi 18 juillet, trois tours seront peut-être nécessaires pour départager les candidats à la présidence de la chambre basse du Parlement français, tant les inconnues sont nombreuses dans cette Assemblée nationale fracturée en trois blocs, la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), le camp du président Macron et le parti d’extrême droite le Rassemblement national (RN).

Adoubée par le groupe macroniste, la présidente sortante Yaël Braun-Pivet rêve de rempiler au perchoir, mais, à la suite de rumeurs sur un «deal» avec le RN, elle est contestée jusque dans son propre camp par la candidature concurrente de la députée Naïma Moutchou, et aura fort à faire face au candidat du NFP, le communiste André Chassaigne, ou au centriste Charles de Courson.

En revanche, le RN Sébastien Chenu n’a quasiment aucune chance d’être élu, tout comme Annie Genevard ou Philippe Juvin, candidats possibles du parti Les Républicains, dont le groupe parlementaire a été rebaptisé La Droite républicaine pour se démarquer d’Éric Ciotti et ses partisans qui se sont alliés au RN.

Pour compliquer encore l’équation, «on ne peut pas exclure qu’il y ait des candidats de troisième tour», glisse une ministre députée, qui estime que l’élection «arrive très tôt» et «à un stade de maturité insuffisant».

Car au-delà de la présidence de l’Assemblée, c’est l’ensemble du paysage politique français qui peine à se décanter dix jours après les législatives anticipées. Le NFP, arrivé en tête, mais sans majorité claire, s’est montré incapable jusqu’ici de proposer un candidat commun pour le poste de Premier ministre, sur fond de désaccord entre insoumis et socialistes. Derrière, le camp présidentiel tente de «bricoler» une majorité alternative, probablement avec la droite, pendant que le RN dénonce un «bourbier» parlementaire.

Après les présidence, ce sont les postes stratégiques de l’Assemblée qui seront en jeu vendredi (vice-présidents, questeurs, etc.), puis les présidences de commission samedi, dont celle de la très convoitée commission des Finances, attribuée à un groupe d’opposition. Ces derniers jours, le NFP est revenu à la charge pour appeler à priver le RN de toutes ces fonctions clés.

Le parti d’extrême droite, passé de 88 députés à plus de 120, sans compter la quinzaine d’alliés autour d’Eric Ciotti, espère arracher un accord vendredi matin avec d’autres groupes pour récupérer certaines de ces fonctions. La droite LR, elle, a sauvé sa quarantaine de députés et a bien l’intention de négocier des postes clés au Palais Bourbon, siège de l’Assemblée.

Cette nouvelle Assemblée signe le retour de personnalités ambitieuses et revanchardes: à gauche un ancien chef de l’État, le socialiste François Hollande; au centre le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, et à droite un ancien ministre, Laurent Wauquiez, bien décidé à revenir dans le jeu national.

Par Le360 (avec AFP)
Le 18/07/2024 à 08h13