Jusqu’à 1,5 million de manifestants attendus par les syndicats dans toute la France pour un 1er mai « historique » et « festif »: les syndicats entendent montrer, ce lundi qu’ils n’abandonnent pas le combat contre la réforme des retraites, même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.
«Je pense que demain on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq», a estimé dimanche le secrétaire général du syndicat CFDT, Laurent Berger, invité des médias RTL, LCI et Le Figaro, rappelant qu’il y avait «300 points de rassemblement». Les autorités tablent de leur côté sur 500 à 650.000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100.000 à Paris. Le trafic aérien s’annonce très perturbé, avec 25 à 33% de vols annulés dans les plus grands aéroports français, des perturbations qui devraient se poursuivre à Paris-Orly mardi.
«Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique», s’est réjoui dans l’hebdomadaire JDD le secrétaire général du syndicat FO, Frédéric Souillot. Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (le groupement CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000). En 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour «faire barrage» à Jean-Marie Le Pen, figure historique de l’extrême droite française, qualifié au second tour de l’élection présidentielle.
«Ce sera familial, festif», a promis la secrétaire générale du syndicat CGT Sophie Binet. Dans la capitale française, le cortège s’élancera à 14h de la place de la République vers la Nation, avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier. Les autorités attendent aussi 1.500 à 3.000 «gilets jaunes» et 1.000 à 2.000 individus «à risque», de source policière. 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5.000 à Paris.
«Pas un gravier entre nous»
Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.
Si dans la rue comme dans les sondages la colère reste vive, avec des «casserolades» qui accompagnent les déplacements de l’exécutif, au sein du gouvernement français certains veulent croire «qu’on a passé le plus gros en terme de contestation» et que ce 1er mai «peut être le baroud d’honneur de l’interprofessionnel».
Le président Emmanuel Macron, qui polarise toujours la contestation, s’est donné le 17 avril «100 jours d’apaisement» et «d’action» pour relancer son quinquennat. Sa Première ministre, Elisabeth Borne, va envoyer des invitations aux syndicats «la semaine prochaine», selon son bureau.
Et des divergences entre eux commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure que l’union des syndicats «n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous». Ainsi, Laurent Berger a annoncé dimanche que la CFDT «irait discuter» avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que les syndicats avaient prévu de prendre la décision «ensemble» mardi matin.