Après des mois de crise à la tête de la prestigieuse école française de Sciences Po Paris, Luis Vassy, un diplomate de 44 ans a été désigné comme nouveau directeur.
Issu de la filière classique de formation des élites françaises -École normale supérieure et École nationale d’administration, dans la même promotion que le président Emmanuel Macron, il a été notamment ambassadeur de France aux Pays-Bas, avant de diriger depuis 2022 le cabinet des ministres des Affaires étrangères successifs, Catherine Colonna, puis Stéphane Séjourné.
Luis Vassy a été plébiscité le vendredi 20 septembre par les instances de l’école, en recueillant 19 voix parmi les 25 votants, selon un message de Sciences Po envoyé en interne et dont l’AFP a obtenu copie. Sa nomination doit désormais être confirmée par un décret présidentiel et un arrêté ministériel. Contacté par l’AFP, Luis Vassy s’est dit «infiniment honoré du choix» fait par les instances dirigeantes.
Ce fils d’un père uruguayen réfugié politique et d’une mère argentine, naturalisé français à l’âge deux ans, plaide pour une refonte du projet de l’établissement à la vie tumultueuse depuis quelques années. Il souhaite «des modes de gouvernance et de dialogue apportant l’apaisement» et veut «redresser l’image de l’établissement dans les médias et l’opinion, ainsi que chez les partenaires académiques, institutionnels et financiers».
Crises à répétition
Cette nomination est censée mettre fin aux crises de gouvernance à répétition, avec, dernier épisode en date, la démission en mars de son ancien directeur Mathias Vicherat, également membre de la promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, renvoyé devant la justice avec son ex-compagne dans un dossier de violences conjugales.
Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à Frédéric Mion, contraint de démissionner pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant Olivier Duhamel, alors président de la Fédération nationale des Sciences politiques (FNSP) qui chapeaute l’école. Frédéric Mion avait lui-même succédé à Richard Descoings, mort subitement en 2012 dans une chambre d’hôtel à New York.
Sciences Po est aussi secouée depuis des mois par des polémiques liées aux mobilisations d’étudiants propalestiniens. L’occupation en mars d’un amphithéâtre par des étudiants avait attisé les controverses et entraîné la visite sur place du Premier ministre Gabriel Attal, lui aussi ex-élève de cette «école des élites».
Sciences Po a annoncé début septembre des mesures pour «mieux former» ses étudiants sur le conflit israélo-palestinien, un sujet que le futur directeur connaît très bien.