Dans une allocution depuis la Maison Blanche, Joe Biden a appelé le Hamas à accepter ce plan, soumis via le médiateur qatari. «Nous ne pouvons pas laisser passer» cette occasion d’un accord à Gaza, a lancé Joe Biden au huitième mois d’une guerre dévastatrice dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine. «Il est temps que cette guerre se termine», a-t-il affirmé.
La première phase, a dit M. Biden, serait un cessez-le-feu total, avec un retrait des troupes israéliennes des «zones habitées de Gaza» pour une durée de six semaines. L’arrêt des combats serait accompagné de la libération de certains otages israéliens, notamment les femmes et les personnes malades, et de la remise en liberté de Palestiniens détenus par Israël.
Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir «permanent» si le Hamas «respecte ses engagements», a ajouté le président américain. La phase suivante du plan comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.
«Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd’hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Gaza, la reconstruction et l’échange de prisonniers», a indiqué le mouvement palestinien dans un communiqué.
«Saisir l’occasion»
Ces développements ont suscité un concert de réactions internationales, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres appelant Israël et le Hamas à «saisir l’occasion» afin d’en arriver à une «paix durable au Moyen-Orient».
Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait indiqué vendredi que son mouvement avait informé les médiateurs que ses «exigences», surtout un cessez-le-feu permanent et un retrait total d’Israël de la bande de Gaza, n’étaient «pas négociables».
L’annonce de Joe Biden est intervenue au moment où l’armée israélienne a envahi le centre de Rafah, ville du sud de la bande de Gaza devenue l’épicentre de l’offensive israélienne, et pris le contrôle du «Corridor de Philadelphie», une zone tampon stratégique à la frontière entre le territoire palestinien et l’Égypte.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a promu vendredi la nouvelle feuille de route sur Gaza dévoilée par Joe Biden en vue d’un cessez-le-feu lors d’appels avec ses homologues de la Jordanie, de l’Arabie saoudite et de la Turquie.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.189 personnes, en majorité des civils, selon un décompte actualisé de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis 8 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 36.280 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 80.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 530 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Les opérations militaires israéliennes ont également détruit un très grand nombre de quartiers, déplacé la majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure. Vendredi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes contre Rafah, théâtre dimanche d’une frappe israélienne qui a tué à 45 personnes dans un camp de déplacés local.
Sur le plan humanitaire, l’acheminement de l’aide par le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte est toujours bloqué, ce passage étant fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle côté palestinien le 7 mai. Le passage de Rafah est crucial pour l’entrée de cette aide. Et avec le début de l’offensive à Rafah, la vie est devenue «apocalyptique» dans certaines zones de la bande de Gaza, s’est alarmée l’ONU.