Gaza: frappes israéliennes meurtrières, situation humanitaire critique

De la fumée s'élève après un bombardement de l'armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024.. AFP or licensors

La bande de Gaza est le théâtre ce jeudi de bombardements et de raids israéliens, à l’heure où le gouvernement de Benjamin Netanyahu rouvre la porte à des discussions avec son allié américain sur une éventuelle opération à Rafah. La situation humanitaire dans le territoire palestinien, menacé par la famine, se fait toujours plus critique.

Le 28/03/2024 à 08h53

Malgré l’adoption il y a trois jours d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant «un cessez-le-feu immédiat», l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements intensifs dans la bande de Gaza. Tôt ce jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d’au moins 66 morts à Gaza au cours de la nuit, notamment dans des frappes aériennes, tandis qu’un haut responsable local rapportait des combats près de la ville de Gaza (nord) et à Khan Younès (sud). En parallèle, l’agence de presse palestinienne Wafa a dénombré des heurts dans différentes localités de la Cisjordanie occupée.

L’armée israélienne poursuit son attaque lancée le 18 mars dans le complexe hospitalier Al Chifa de Gaza-Ville, alors que les hôpitaux Nasser et Al Amal, distants d’environ un kilomètre à Khan Younès, sont également l’objet depuis quelques jours d’une offensive israélienne. L’hôpital Al Amal «a cessé de fonctionner complètement», a indiqué plus tôt cette semaine le Croissant-Rouge palestinien après l’évacuation des civils qui s’y trouvaient.

En réponse à l’abstention des États-Unis concernant la résolution de l’ONU, le gouvernement israélien avait annulé l’envoi d’une délégation à Washington pour discuter du projet d’offensive terrestre à Rafah. Mais mercredi, un haut responsable américain a déclaré que les services de M. Netanyahu avaient demandé «une nouvelle date pour organiser la réunion consacrée à Rafah».

Après Gaza-Ville et Khan Younès, Israël veut poursuivre son offensive terrestre jusque dans cette ville à la pointe sud de la bande de Gaza, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les opérations militaires israéliennes dans le territoire.

En parallèle, le Qatar -pays médiateur avec l’Egypte et les États-Unis- a assuré cette semaine la poursuite des négociations indirectes entre Israël et le Hamas visant à arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats doublée d’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Menaces et soutiens

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 5 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont fait 32.552 morts Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 73.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

L’experte des Nations unies ayant affirmé qu’il existait des motifs raisonnables de croire qu’Israël avait commis plusieurs «actes de génocide» à Gaza, Francesca Albanese, a affirmé mercredi avoir reçu des «menaces» mais assure ne pas vouloir démissionner Un grand nombre de pays, pour la plupart arabes et musulmans mais aussi d’Amérique latine, ont apporté leur soutien cette semaine à cette rapporteure spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés.

«À quelques kilomètres»

Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, les opérations militaires israéliennes ont provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.

Alors que l’aide humanitaire par voie terrestre, contrôlée strictement par Israël, qui impose de nombreuses restrictions, y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays arabes et occidentaux parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.

«Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées, à des centaines de kilomètres de tout. Ici, l’aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres: il faut utiliser les routes!», a déclaré James Elder, porte-parole de l’Unicef, depuis Rafah.

Mardi, le Hamas avait annoncé la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en essayant de récupérer de la nourriture parachutée tombée en mer, appelant à l’arrêt des largages et à l’ouverture des accès terrestres pour l’acheminement des aides. «Quand les parachutes sont tombés à l’eau, de jeunes hommes et des garçons ont commencé à nager dans leur direction. Malheureusement certains ne sont pas revenus», a raconté à l’AFP Ouday Nassar, témoin du drame.

Par Le360 (avec AFP)
Le 28/03/2024 à 08h53