Après une réunion lundi au Caire avec des représentants de l’Égypte et du Qatar, pays médiateurs avec les États-Unis, une délégation du Hamas a quitté la capitale égyptienne pour Doha afin d’étudier une nouvelle offre de trêve, a indiqué à l’AFP une source proche du mouvement islamiste.
Une réponse va venir «aussi vite que possible», a ajouté cette source, tandis que le site Al Qahera News, proche du renseignement égyptien souligne que la délégation du Hamas «reviendra avec une réponse écrite à la proposition de trêve».
Dans la foulée, le président américain Joe Biden, confronté dans son pays à un mouvement de protestation pro-palestinien sur de nombreux campus, a demandé aux dirigeants du Qatar et de l’Égypte de «faire tout leur possible» pour obtenir un accord du Hamas.
La proposition comprend un «cessez-le-feu de 40 jours» ainsi que la «libération de milliers de prisonniers palestiniens en échange de la libération d’otages israéliens», a précisé le chef de la diplomatie britannique David Cameron.
Depuis le début de la guerre, une seule trêve d’une semaine a été instaurée, à la fin novembre. Elle avait permis la libération de quelque 80 otages israéliens ou binationaux et d’une vingtaine d’étrangers, en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
Rafah ou la trêve
En déplacement à Ryad, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réitéré l’opposition de Washington à une offensive israélienne sur Rafah, ville du sud de Gaza devenue un immense camp de déplacés abritant plus d’un million et demi de Palestiniens dans des conditions sanitaires et humanitaires catastrophiques.
Israeli army radio said that a plan to attack Gaza’s southern Rafah city will be launched if there is no ceasefire deal with Hamas 'in the coming days.'
— Al Jazeera English (@AJEnglish) April 30, 2024
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Malgré la réprobation de nombreuses capitales et organisations humanitaires, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirme qu’une offensive sur Rafah est «nécessaire». Mais le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a laissé entendre ce week-end qu’en cas d’accord de trêve, l’opération en cours de préparation sur Rafah serait «suspendue».
Vague de chaleur
«Nous demandons au monde entier d’appeler à une trêve durable, cela suffit», a lancé lundi un Palestinien, Abou Taha, qui veillait à l’hôpital al-Najjar de Rafah des proches tués par des bombardements israéliens.
En plus des frappes de l’armée israélienne, le manque d’eau, de nourriture et de médicaments, les familles déplacées subissent dans cette ville la chaleur, sans eau courante et à peine protégées du soleil sous les toiles des tentes. «L’eau que nous buvons est chaude», a témoigné Ranine Aouni al-Arian, une mère de famille déplacée de la ville voisine de Khan Younès. «Les enfants ne supportent plus la chaleur et les piqûres de mouches et de moustiques», explique-t-elle, avec dans ses bras un bébé au visage couvert de piqûres.
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a d’ailleurs prévenu qu’«à mesure que les températures se réchauffent, le risque de propagation des maladies augmente».
«Bon espoir»
L’Égypte a affirmé lundi avoir «bon espoir» concernant une trêve. Pourtant, Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a dit à l’AFP qu’il était «trop tôt pour parler d’une atmosphère positive dans les négociation». Le Hamas exige surtout «un cessez-le-feu permanent» à Gaza, une hypothèse qu’Israël a toujours refusée, «un retrait» israélien de Gaza et un calendrier clair pour le début de la reconstruction, a-t-il dit.
Selon des médias, le cabinet de guerre israélien avait dans un premier temps réclamé la libération de 40 otages retenus à Gaza, avant d’autoriser les négociateurs à abaisser ce nombre. Le site d’information américain Axios a indiqué qu’Israël réclamait au minimum la libération des femmes, civiles ou soldates, et des hommes de plus de 50 ans ou en mauvaise santé.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.535 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 490 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Mandats de la CPI
Des hauts responsables israéliens s’inquiètent, selon différents médias locaux, de possibles mandat d’arrêts délivrés contre eux par la Cour pénale internationale (CPI) en lien avec la guerre à Gaza.
Selon le site Axios, Benjamin Netanyahu a demandé dimanche à Joe Biden, lors d’un entretien téléphonique, de l’aider à empêcher des mandats d’arrêt, qui pourraient le viser ainsi que son ministre de la Défense et le chef d’état-major.
Les États-Unis ne sont «pas favorables» à une enquête pénale contre des responsables israéliens à propos du conflit à Gaza, a dit lundi Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche. «Nous avons toujours été clairs en ce qui concerne l’enquête» menée par l’institution de La Haye, a-t-elle souligné. Ni les États-Unis ni Israël ne sont membres de la Cour, mais l’Autorité palestinienne y a adhéré en 2015.