Gaza: nouvelles frappes israéliennes sur un camp de réfugiés, l’ONU évoque de possibles «crimes de guerre»

Des personnes autour des dégâts causés par une nouvelle frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Jabaliya, dans la bande de Gaza, le 1er novembre 2023.. AFP or licensors

Les frappes israéliennes successives sur le plus grand camp de réfugiés de Gaza ont fait des dizaines de morts selon le Hamas, des bombardements que l’ONU a assimilés à de possibles «crimes de guerre».

Le 02/11/2023 à 07h04

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit «atterré» par les frappes sur le camp de Jabaliya, où vivent 116.000 réfugiés dans le nord de la bande de Gaza, ciblé par des bombardements israéliens mardi et mercredi. Les autorités locales ont fait état de «dizaines» de morts, et des secouristes ont affirmé que des «familles entières» avaient été décimées.

Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a estimé mercredi soir que ces bombardements pourraient constituer «des crimes de guerre», «compte-tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions».

L’armée israélienne a affirmé avoir éliminé le chef de l’unité anti-tanks du Hamas, Muhammad Atzar, dans ses frappes sur le camp mercredi. Abdul Issa Massoud, un habitant du camp âgé de 30 ans, a toutefois assuré qu’il n’y avait «pas de résistants» dans le camp. «Ils ont frappé un quartier résidentiel plein de jeunes et de personnes âgées».

Le service de presse du gouvernement du Hamas a fait état dans la nuit de mercredi à jeudi de nouvelles «frappes israéliennes massives» dans le quartier de Tal al-Hawa, à l’ouest de la ville de Gaza, évoquant un nombre non précisé de victimes.

Première opération d’évacuation

Chaque jour apporte ses craintes d’un embrasement régional. Dans ce contexte, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit se rendre une nouvelle fois en Israël vendredi, puis en Jordanie, pays qui a rappelé mercredi son ambassadeur à Tel-Aviv. La Turquie et l’Iran ont de leur côté appelé à la convocation d’une grande conférence internationale.

Selon les autorités israéliennes, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre, en majorité des civils. L’armée israélienne a par ailleurs annoncé la mort de 332 de ses soldat.

Toujours selon les autorités israéliennes, au moins 240 otages et prisonniers sont toujours aux mains du Hamas, qui a affirmé que sept d’entre eux, «dont trois détenteurs de passeports étrangers», avaient été tués mardi dans le premier bombardement du camp de Jabaliya.

Dans la bande de Gaza, près de 8.800 personnes, dont 3.648 enfants, ont été tuées depuis le 7 octobre dans les bombardements israéliens, selon les autorités locales. Plus de 2.000 personnes sont portées disparues sous les décombres, d’après la même source.

En Cisjordanie occupée, plus de 125 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l’Autorité palestinienne.

Une première opération d’évacuation a permis mercredi à 76 blessés palestiniens et 335 étrangers et binationaux (dont des Américains, Italiens, des Français, des Australiens et des Autrichiens), selon un responsable égyptien, de quitter le territoire via le poste-frontière de Rafah, le seul à ne pas être contrôlé par Israël.

Mais l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a souligné que «plus de 20.000 blessés restent à Gaza, avec un accès limité aux soins de santé». Et «l’attention ne doit pas se détourner des besoins encore plus grands» de milliers de malades «dont la santé est trop précaire pour être évacués», a averti l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

«Pas un morceau de pain»

Mercredi, le ministère de la Santé palestinien a affirmé que 16 hôpitaux n’étaient plus opérationnels, sur les 35 que compte le territoire, selon l’OMS. Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l’hôpital al-Shifa à Gaza, le plus grand du territoire, a lancé un «dernier appel», prévenant que le générateur principal risquait de s’arrêter faute de carburant. «Si ce générateur s’arrête, la prochaine annonce sera la mort de bébés dans les couveuses, la mort de malades sous respirateurs, en soins intensifs et dans les salles d’opération», a-t-il lancé.

«Nous manquons des besoins humains les plus élémentaires (...). Depuis quatre jours, nous n’avons pas pu donner un morceau de pain à cet enfant», a déclaré à l’AFP Rafik al-Helou, un habitant de Gaza qui patientait, en famille, du côté palestinien.

La bande de Gaza est soumise depuis le 9 octobre par Israël à un «siège complet» qui prive sa population de livraisons d’eau, de nourriture et d’électricité. La situation humanitaire est jugée catastrophique pour ses 2,4 millions d’habitants.

Nouveaux camions d’aide

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué que plus de 70 de ses collaborateurs avaient été tués depuis le 7 octobre, «souvent avec leurs familles». Mais l’UNRWA «restera avec les Palestiniens à Gaza», a assuré sont directeur, Philippe Lazzarini, qui s’est rendu sur place mercredi.

Soixante-et-un camions transportant des médicaments et de la nourriture sont arrivés dans la bande de Gaza mercredi, après 59 la veille, selon les autorités israéliennes. Mais l’ONU insiste sur la nécessité d’une aide beaucoup plus massive.


Par Le360 (avec AFP)
Le 02/11/2023 à 07h04