Gaza: poursuite des bombardements israéliens, annonces de reconnaissance de l’État de Palestine

Un Palestinien et ses enfants sont assis dans une pièce d'un immeuble détruit par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 mai 2024. AFP or licensors

L’armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, dont la ville de Rafah et le camp de réfugiés de Jabalia. Dans ce contexte, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont annoncé mercredi leur décision de reconnaître l’État palestinien, dans l’espoir d’entraîner d’autres pays à faire de même.

Le 23/05/2024 à 08h18

L’armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza au cours de la nuit et tôt ce jeudi. Une équipe de l’AFP a fait état de frappes dans le secteur de Rafah (sud), tandis que des témoins relevaient d’intenses bombardements à Gaza-Ville, dans le nord du territoire ravagé par plus de sept mois de guerre sans répit.

Des combats intenses sont également signalés dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord du territoire palestinien, notamment autour de l’hôpital d’al-Awda, assiégé depuis des jours par les troupes israéliennes. Des dizaines de personnes ont réussi à quitter l’hôpital pour se rendre dans la partie ouest de la ville de Gaza, mais des médecins refusent de partir sans évacuer les malades et les blessés.

En Cisjordanie occupée, l’armée israélienne se serait retirée du camp de réfugiés de Jénine, après y avoir mené un raid d’envergure trois jours durant, tuant douze Palestiniens, dont au moins quatre enfants, un médecin et un enseignant, d’après les autorités palestiniennes.

Dans ce contexte, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont annoncé mercredi leur décision de reconnaître conjointement l’État palestinien, dans l’espoir d’entraîner d’autres pays à faire de même, alors que la solution à deux États est, selon Madrid, «en danger». En réaction, Israël a annoncé la convocation des ambassadeurs d’Espagne, d’Irlande et de Norvège, et le rappel pour consultations des ambassadeurs israéliens dans ces trois pays.

Après leur annonce, la Colombie a confirmé son projet d’ouvrir une ambassade à Ramallah, ville de Cisjordanie occupée où siège l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. Début mai, le président colombien, dont le pays était un allié clé d’Israël en Amérique latine, a annoncé la rupture des liens diplomatiques entre les deux pays, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de «génocidaire».

La création d’un État palestinien viable apparaît comme une perspective incertaine, en raison notamment de l’absence de pourparlers en ce sens et de la colonisation juive qui se poursuit massivement dans les territoires palestiniens, notamment en Cisjordanie occupée.

Cette reconnaissance reste une victoire diplomatique pour l’Autorité palestinienne, l’État de Palestine étant désormais reconnu par 142 des 193 États membres de l’ONU. Et elle constitue un nouveau revers pour Israël après que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a demandé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour des «crimes contre l’humanité» présumés.

Le Hamas, dont des dirigeants font aussi l’objet de demandes de mandats d’arrêt de la CPI, a salué mercredi cette reconnaissance comme une «étape importante» et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant officiel des Palestiniens sur la scène internationale, a parlé de «moments historiques». Les pays arabes l’ont saluée également.

Mais à Rafah, ville du sud de Gaza qui subit en continu des bombardements quotidiens israéliens, Ahmed Ziad, 35 ans, a dénoncé des «coquilles vides si l’Amérique et les autres pays européens (...) ne soutiennent pas» une telle reconnaissance. Principal soutien d’Israël, le président américain Joe Biden, a réitéré qu’un «État palestinien (devait) voir le jour au travers de négociations directes entre les parties, non par la reconnaissance unilatérale».

Ces derniers développements interviennent alors que la situation humanitaire à Gaza est plus critique que jamais. Depuis sa prise du contrôle du point de passage de Rafah, frontalier avec l’Égypte, l’armée israélienne a procédé à la fermeture de ce qui était le principal point d’entrée des aides humanitaires. Depuis, l’acheminement de ces aides est quasiment à l’arrêt, alors que, selon l’ONU, 1,1 million de Palestiniens à Gaza font face à des «niveaux de faim catastrophiques».

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 35.709 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 79.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 517 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.


Par Le360 (avec AFP)
Le 23/05/2024 à 08h18