L’armée israélienne a poursuivi ce jeudi ses bombardements et ses raids dans plusieurs zones de la bande de Gaza, faisant des dizaines de morts. L’agence de presse officielle palestinienne Wafa a fait état de frappes aériennes ciblant notamment le secteur d’Al-Zaytoun, au sud de la ville de Gaza, dans le camp de réfugiés de Nusseirat (centre), à Khan Yunis et dans la ville de Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne.
Dans ce contexte, le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui a effectué en Israël sa septième mission au Proche-Orient depuis le début de la guerre, s’est dit mercredi décidé à arracher un accord sur une trêve. «Il y a une très bonne proposition sur la table actuellement. Le Hamas doit dire oui», a-t-il déclaré. Les pays médiateurs -Qatar, États-Unis et Égypte- attendent la réponse du mouvement palestinien à une proposition en date prévoyant une trêve de 40 jours ainsi que l’échange d’otages contre des Palestiniens détenus par Israël.
Le Hamas répondra «dans très peu de temps», a assuré mercredi à l’AFP un de ses dirigeants politiques, Souheil al-Hindi, tout en soulignant que le mouvement exigeait toujours un cessez-le-feu permanent et le retrait d’Israël de la bande de Gaza. Le Hamas est ouvert «à toutes les initiatives pour mettre fin à la guerre (...) mais sous réserve de conditions très claires auxquelles on ne peut renoncer», a-t-il dit.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, un haut responsable du Hamas, Oussama Hamdan, a indiqué à l’AFP que la position du mouvement sur la proposition de trêve était pour l’instant «négative» mais que des discussions étaient toujours en cours. «La situation est sensible», a ajouté Zaher Jabareen, membre de l’équipe de négociation du Hamas, suggérant qu’une décision finale n’avait pas été prise.
Le Hamas réclame un cessez-le-feu «permanent», ce qu’Israël refuse, se disant déterminé à poursuivre l’offensive à Gaza, notamment avec une opération terrestre à Rafah, où s’entassent un million et demi de Palestiniens, dont une majorité de déplacés ayant fui les opérations militaires israéliennes.
«Pas vu de plan»
«Nous ne soutiendrons pas une opération militaire majeure à Rafah sans un plan efficace pour garantir que les civils ne soient pas blessés. Et non, nous n’avons pas vu un tel plan», a déclaré mercredi M. Blinken.
US Defense Secretary Lloyd Austin and his Israeli counterpart Yoav Gallant discuss a possible Israeli ground invasion of the southern Gaza city of Rafah, the Pentagon says
— TRT World (@trtworld) May 2, 2024
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Dans la nuit, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est entretenu avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, soulignant «le besoin pour toute éventuelle opération militaire à Rafah d’inclure un plan crédible pour évacuer les civils palestiniens sur place et maintenir un flot d’aide humanitaire», selon le Pentagone.
Ces tractations interviennent alors que la police est déployée sur plusieurs campus américains, théâtres d’une mobilisation étudiante en soutien à la population de Gaza. De son côté, la Colombie a annoncé la rupture de ses relations avec Israël en raison de la conduite de la guerre.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.568 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 490 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
La guerre a provoqué d’immenses destructions dans le petit territoire, où il y a aujourd’hui plus de débris et de gravats à déblayer qu’en Ukraine, a affirmé mercredi à Genève un responsable des opérations de déminage de l’ONU.
Réouverture du passage d’Erez
Et c’est sans compter les craintes de famine généralisée, l’aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrivant au compte-gouttes principalement depuis l’Égypte via le point de passage de Rafah.
Or Antony Blinken s’est félicité mercredi des progrès dans l’acheminement de l’aide mais a appelé Israël à faire davantage, après une visite à Kerem Shalom, un des deux points de passage depuis Israël. «Les progrès sont réels, mais vu les besoins immenses à Gaza, ils doivent être accélérés», a-t-il déclaré.
Israël a en outre ouvert, pour la première fois depuis le début de la guerre, le passage d’Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza. Selon l’armée, 30 camions chargés de nourriture et de fournitures médicales sont entrés mercredi dans le territoire via Erez, venant de Jordanie.
Les États-Unis construisent par ailleurs un port flottant face au littoral de Gaza, qui servira prochainement au déchargement de cargaisons d’aide arrivant par bateau depuis Chypre et dont les travaux sont plus qu’à moitié achevés, selon le Pentagone.
Dans un atelier de Rafah, le mécanicien Youssef Harazi espère la fin des frappes: «La guerre nous a profondément marqués. Nous ne trouvons pas de répit physique ou mental (...) nos esprits sont fatigués au point où nous avons même du mal à faire preuve d’empathie envers nos enfants au milieu de cette guerre».