Six mois après le début de la guerre, et malgré l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution exigeant «un cessez-le-feu immédiat», l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements ininterrompus dans différentes zones de la bande de Gaza.
Des frappes ont notamment ciblé les secteurs de Khan Younès (sud), Wadi al Salqa, Deir el Balah (centre) et Rafah (sud). Selon le point quotidien ce jeudi matin du ministère de la Santé du Hamas, les opérations israéliennes ont fait 61 morts au cours des dernières 24 heures.
At least 33,037 Palestinians have been killed and 75,668 wounded in Israeli attacks on Gaza since October 7, according to Health Ministry.
— Al Jazeera English (@AJEnglish) April 4, 2024
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L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis près de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.037 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 75.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Blocage des négociations autour d’une trêve
La conclusion d’un accord sur une trêve bute sur la question du retour des Palestiniens déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, a annoncé mercredi le Qatar, un pays médiateur dans les négociations indirectes entre Israël et le Hamas. «Le retour des personnes déplacées dans leurs foyers, que les Israéliens n’ont pas encore accepté, est le principal point sur lequel nous sommes bloqués», a déclaré le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors d’une conférence de presse à Doha.
L’autre point d’achoppement concerne le nombre de Palestiniens emprisonnés qui doivent être libérés par Israël en échange de la libération des otages israéliens, a-t-il ajouté, estimant toutefois que cette question «pouvait être résolue».
Les trois pays médiateurs, le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, avaient espéré parvenir à un cessez-le-feu avant le début du ramadan (le 11 mars), sans succès. «Malheureusement, les points sur lesquels nous étions bloqués lorsque nous avons négocié à Paris en février sont fondamentalement les mêmes que ceux sur lesquels nous sommes bloqués aujourd’hui», a déclaré le Premier ministre aux journalistes.
Situation «pire que catastrophique»
De retour d’une mission à Gaza, Dominic Allen, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), a jugé la situation «pire que catastrophique» dans la bande de Gaza, territoire où l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, n’entre qu’au compte-gouttes. «Gaza est devenu un amas de poussière. Les gens que nous avons croisés étaient décharnés, ils nous indiquaient qu’ils cherchaient de quoi manger», a-t-il ajouté dans un entretien avec l’AFP.
«Les livraisons de farine sont retardées et il y a une pénurie (...) Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d’autres produits essentiels comme les légumineuses, les lentilles et les pois chiches», a relevé mercredi pour l’AFP un habitant de Gaza-Ville, venu tenter de récupérer des denrées alimentaires et qui n’a pas donné son nom.
«Nous dormons dans la rue, dans le froid, sur le sable, endurant des épreuves pour assurer la nourriture de nos familles, en particulier de nos jeunes enfants», a témoigné un autre Gazaoui.
Retour d’un bateau d’aide
À la suite de la frappe israélienne qui a ciblé lundi trois de ses véhicules, et qui a tué sept de ses employés, l’ONG World Central Kitchen, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations, aggravant encore la situation alimentaire des 2,4 millions d’habitants. Après cette annonce, un second bateau chargé d’aide humanitaire est retourné à Chypre, d’où il était parti, alors qu’il était parvenu au large de Gaza, selon le site Vesselfinder.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé que la frappe israélienne contre les sept membres de l’organisation avait «les caractéristiques d’une frappe aérienne de précision, ce qui indique que l’armée israélienne avait l’intention de frapper ces véhicules».
Appels à des élections anticipées en Israël
Le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival principal du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a appelé mercredi soir à des élections législatives anticipées en septembre.
«Nous allons solliciter prochainement» les électeurs et «nous devons pour cela fixer une date consensuelle en septembre» pour des législatives, a déclaré M. Gantz, qui est aussi député, dans un discours télévisé. La législature actuelle en Israël doit s’achever à l’automne 2026.
Le Likoud, parti qui conduit l’actuelle coalition de la majorité au Parlement, a rejeté l’appel de Benny Gantz, estimant dans un communiqué que des élections au moment où Israël est en guerre «conduiraient inévitablement à la paralysie» et «nuiraient aux combats» de l’armée en guerre à Gaza.
Des manifestations d’opposants à Benjamin Netanyahu ont réuni des milliers de personnes ces dernières semaines, notamment à Tel-Aviv et Jérusalem, appelant à sa démission et à la conclusion d’un accord avec le Hamas pour la libération des otages détenus dans la bande de Gaza. Selon les derniers sondages, en cas d’élections anticipées, Benny Gantz serait largement en tête et devancerait l’actuel Premier ministre.