Gaza: poursuite des bombardements israéliens, la vice-présidente américaine appelle à un «cessez-le-feu immédiat»

Des enfants cherchent des objets récupérables dans les décombres de bâtiments détruits par des bombardements israéliens à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 2 mars 2024. AFP or licensors

La vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» dans la bande de Gaza, faisant pression sur Israël qui continue à pilonner le territoire palestinien, plus que jamais menacé de famine.

Le 04/03/2024 à 07h32

Dans la soirée du dimanche 3 mars, l’armée israélienne a conduit plusieurs frappes aériennes sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et sur Khan Younès, plus au nord. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 90 personnes tuées en 24 heures, dont 14 membres de la famille Abou Anza, parmi lesquels deux bébés jumeaux de quelques mois Naïm et Wissam, dans une frappe sur leur maison à Rafah.

«Il n’y avait aucune présence militaire dans la maison, seulement des civils», a raconté à l’AFP, Shehda Abou Anza, un neveu. «Il y avait peut-être plus de 15 enfants dans cette maison» de quatre étages complètement détruite. «Tous des bébés et des enfants en bas âge».

Des témoins ont également indiqué qu’un camion d’aide humanitaire à Deir el-Balah (centre) a été ciblé par une frappe israélienne. Le Croissant-Rouge palestinien, a indiqué sur X (ex-Twitter) avoir «transporté cinq morts et quatre blessés suite au ciblage d’un camion par un drone israélien (...) à Deir el- Balah».

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué plus de 30.410 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 72.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

«Étant donné l’ampleur des souffrances à Gaza, il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat pour au moins les six prochaines semaines, ce qui est actuellement sur la table des négociations», a déclaré dimanche Mme Harris, première haute responsable américaine à appeler ouvertement à un tel cessez-le-feu dans le territoire palestinien assiégé.

Accroître l’aide dans la bande de Gaza

En demandant également le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à prendre des mesures pour accroître l’aide dans la bande de Gaza, menacée de famine selon l’ONU, elle a aussi formulé la critique la plus virulente à ce jour à l’encontre d’Israël de la part d’un haut fonctionnaire américain depuis le début de la guerre.

«Le gouvernement israélien doit en faire davantage pour augmenter de manière significative le flux d’aide. Il n’y a pas d’excuses», a déclaré Kamala Harris, ajoutant qu’Israël «devait ouvrir de nouveaux points de passage » et « ne doit pas imposer de restrictions inutiles à l’acheminement de l’aide».

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a de son côté affirmé sur le réseau social X qu’il «est impératif que nous augmentions le flux d’aide vers Gaza».

«La population a un besoin urgent de nourriture, d’eau et d’autres formes d’assistance. C’est pourquoi les États-Unis s’efforcent d’acheminer davantage d’aide par tous les moyens disponibles, y compris les largages aériens», a-t-il dit.

Famine «quasiment inévitable»

La siège israélien, qui dure depuis près de cinq mois, a provoqué une catastrophe humanitaire et la famine est «quasiment inévitable» pour 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population de Gaza, d’après Jens Laerke, porte-parole de l’Ocha, l’agence de coordination des affaires humanitaires des Nations unies.

Face aux difficultés de l’acheminer par la route dans le territoire bouclé par Israël, plusieurs pays ont mené des parachutages d’aide sur la bande de Gaza ces dernières semaines, dont les États-Unis samedi. Toutefois, les quantités ainsi livrées par voie aérienne restent dérisoires au vu des besoins, et les organisations humanitaires assurent que seule une ouverture de points de passages permettraient d’améliorer la situation.

Les déclarations de responsables américains interviennent au moment où des négociations ont repris dimanche en vue d’une trêve entre Israël et le mouvement palestinien.

Selon un média égyptien, des représentants du Qatar et des États-Unis se trouvent au Caire, où des envoyés du Hamas devaient leur «donner une réponse à la proposition élaborée à Paris» fin janvier, a indiqué une source proche du mouvement islamiste palestinien.

Une trêve avant le ramadan

La proposition des médiateurs -Qatar, États-Unis, Égypte- porte sur une pause de six semaines des combats et la libération de 42 des 130 otages israéliens encore retenus à Gaza -dont 31 seraient morts dans des bombardements israéliens d’après le Hamas- contre des Palestiniens emprisonnés par Israël.

L’objectif est de parvenir à une trêve dans les hostilités avant le début du mois de ramadan, qui commence cette année le 10 ou 11 mars. Une trêve pourrait être signée d’ici «24-48 heures» si Israël «accepte les demandes du Hamas», a dit dimanche à l’AFP un haut responsable du mouvement palestinien, sous couvert d’anonymat.

Elles incluent «le retour dans le nord de Gaza des Palestiniens déplacés et une augmentation de l’aide humanitaire» de l’ordre de «400 à 500 camions par jour», a-t-il ajouté, contre moins de 80 actuellement. Le Hamas réclame également un cessez-le-feu définitif et un retrait militaire israélien de Gaza.

Israël n’a jusqu’à présent pas annoncé d’intention de se joindre aux négociations en Égypte, exigeant que le Hamas fournisse une liste des otages encore retenus à Gaza. Le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu et ex-ministre de la Défense d’Israël, doit rencontrer ce lundi, à Washington, Kamala Harris, Antony Blinken, ainsi que le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/03/2024 à 07h32