L’armée israélienne poursuit ce samedi ses opérations dans l’ensemble de la bande de Gaza, confrontée à une nouvelle coupure complète des télécommunications et à une situation humanitaire critique au 99ème jour de la guerre, alors que l’ONU reproche à l’armée israélienne de limiter l’approvisionnement en carburant, en particulier pour des hôpitaux.
«Nous avons le regret d’annoncer la coupure totale des communications et des services internet à Gaza après que la partie israélienne a débranché les serveurs», a affirmé vendredi dans un communiqué l’opérateur palestinien Paltel.
De telles coupures ont déjà eu lieu à plusieurs reprises dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre, causant à chaque fois des impacts sur le travail des secouristes et des équipes médicales et la coordination des services d’urgence. «La communication avec nos équipes à Gaza a été complètement coupée», a d’ailleurs déploré le Croissant-Rouge palestinien.
Le manque de carburant a entraîné l’arrêt du principal générateur de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre), selon une source au ministère de la Santé du Hamas. «Nous craignons la mort de patients et d’enfants en soins intensifs et dans les (services) pédiatriques», a indiqué le bureau des médias du Hamas.
La situation humanitaire est critique dans la bande de Gaza, assiégée depuis 99 jours par Israël, qui bloque tout approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments et en carburant. Près de 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont été déplacées selon l’ONU, et des centaines de milliers s’entassent dans un espace de plus en plus restreint dans le sud de l’enclave palestinienne, où ont été érigés des camps de fortune aux tentes faites de plastique et de bois.
L’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 23.708 morts, en majorité des civils, essentiellement des femmes, des adolescents et des enfants, et plus de 60.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas. «De nombreuses personnes sont toujours sous les décombres et les secouristes ne peuvent pas les atteindre», souligne d’ailleurs le ministère.
En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, et où l’armée israélienne a multiplié les incursions depuis le 7 octobre, plus de 330 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens.
Israël devant la Cour internationale de justice
Devant la Cour internationale de justice, à La Haye, aux Pays-Bas, Israël s’est défendu de l’accusation de génocide pour ses opérations dans la bande de Gaza, accusation intentée par l’Afrique su Sud et soutenue par plusieurs pays, coalitions et organisations internationales et ONG.
Lors de l’audience, Tal Becker, conseiller juridique du ministère israélien des Affaires étrangères, a argumenté que les chiffres sur le nombre de civils tués à Gaza, corroborés par plusieurs organisations internationales dont les Nations unies, reposaient sur des «statistiques non vérifiées, fournies par le Hamas». L’avocat israélien a également attaqué l’Afrique du Sud, l’accusant ouvertement d’entretenir des «liens étroits avec le Hamas», sans fournir de preuves concrètes à l’appui de cette affirmation.
Un mariage sous les bombes
À Rafah, la guerre et les affrontements n’ont pas empêché Afnan et Moustapha d’unir leur destinée. «La maison où devait vivre le marié a été détruite, et comme la guerre persistait, nous avons pensé qu’il valait quand même mieux qu’ils se marient», a confié à l’AFP Ayman Shamlakh, oncle du marié.
«Nous avons des martyrs, tout comme l’autre famille. Nous vivons tous la même tragédie. Mais nous devons continuer à vivre, et la vie doit continuer», souffle-t-il. Pour Mohamed Gebreel, père de la mariée, point de doute: «Nous sommes un peuple qui aime la vie malgré la mort, les meurtres et la destruction».
Tôt ce samedi, les forces américaines et britanniques ont mené de nouvelles frappes au Yémen contre des positions des rebelles yéménites Houthis, qui menacent de bloquer le transport maritime en mer Rouge en «soutien» de Gaza.
La chaîne des Houthis, Al-Masirah, a fait état de frappes sur au moins un site de la capitale Sanaa. «L’ennemi américano-britannique cible la capitale, Sanaa, avec un (certain) nombre de raids», a communiqué la chaîne, citant son correspondant dans la ville. Le Commandement militaire central des Etats-Unis (Centcom) a confirmé une frappe américaine vers 03H45 locales samedi (00H45 GMT) «contre un site radar au Yémen».