Israël a poursuivi ses bombardements et ses raids dans la bande de Gaza dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins faisant état de frappes meurtrières dans différentes zones du territoire palestinien, notamment à Rafah (sud), où s’entassent plus d’un million et demi de personnes déplacées par les opérations militaires israéliennes.
«Je me suis réveillée au bruit des filles qui criaient +maman, maman, maman+ et des enfants qui s’appelaient les uns les autres. J’ai couru et j’ai trouvé des enfants qui sortaient en courant (...) il y avait des cadavres éparpillés partout à l’intérieur du magasin et à l’extérieur», a confié à l’AFP la Palestinienne Jamalat Ramidan, après une frappe à Rafah.
The Gaza Civil Defense showcases pictures of a rescue operation following an earlier Israeli strike on Rafah, which killed seven Palestinians.
— Al Jazeera English (@AJEnglish) April 17, 2024
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Le Hezbollah a annoncé mercredi avoir frappé une base militaire du nord d’Israël, en riposte à des frappes ayant tué trois de ses combattants. Quatorze soldats israéliens ont été blessés, dont six grièvement, selon l’armée israélienne.
Aide humanitaire insuffisante
Alors que les pourparlers autour d’une hypothétique trêve piétinent, le Qatar a déclaré mercredi «procéder à une réévaluation globale» de son rôle de médiateur de premier plan dans les tractations. L’ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d’habitants, a lancé mercredi un appel aux dons de 2,8 milliards de dollars pour aider les Palestiniens à Gaza, mais également en Cisjordanie occupée.
L’armée israélienne a annoncé l’entrée dans la bande de Gaza de huit camions transportant de la farine du Programme alimentaire mondial (PAM) via le port d’Ashdod, nouvelle route pour acheminer l’aide humanitaire. Pour autant, les organisation internationales et les instances onusiennes jugent toujours que les aides restent largement insuffisante, surtout dans le nord de Gaza, dont l’accès est rendu particulièrement difficile par les destructions et les opérations militaires israéliennes.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 33.899 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 460 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Dans ce contexte, un vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur la demande des Palestiniens de devenir un État membre à part entière des Nations unies, devrait avoir lieu ce jeudi ou le vendredi, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques. L’initiative apparait toutefois vouée à l’échec, en raison de l’opposition déclarée des États-Unis, qui ont un droit de veto au Conseil, à l’adhésion palestinienne.
Éviter une confrontation directe Iran-Israël
Israël a une nouvelle fois réitéré son «droit de se protéger» face à l’Iran, répétant que l’attaque survenue le samedi 13 avril ne restera pas «impunie». Selon des médias israéliens et américains, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a bien envisagé de mener des représailles immédiates en Iran, mais a finalement revu ses plans.
D’après le diffuseur public israélien Kan, le Premier ministre israélien a décidé de ne pas lancer des frappes rapides après avoir discuté avec le président américain Joe Biden, qui tente d’éviter une confrontation directe Iran-Israël risquant d’entraîner le Moyen-Orient dans une spirale de conflits.
Selon la chaîne ABC et le site américain Axios, le gouvernement israélien a considéré à deux reprises des raids aériens contre l’Iran, sans toutefois passer à l’action. «Les sensibilités diplomatiques ont joué (...) Il y aura bien une réponse mais elle sera différente de ce qui était initialement prévu», a indiqué un haut responsable à la chaîne Kan sous couvert de l’anonymat.
De nouvelles sanctions contre l’Iran
Les États-Unis, premier allié d’Israël, ont dit ne pas vouloir «d’une guerre étendue avec l’Iran» et soutenu qu’ils ne participeraient pas à une riposte israélienne. Washington a cependant annoncé mardi de nouvelles sanctions contre Téhéran. La Chambre américaine des représentants doit aussi tenir samedi prochain un vote pour débloquer plus de 26 milliards d’aide militaire pour Israël.
L’Union européenne a aussi décidé d’appliquer de nouvelles sanctions contre l’Iran, précisément contre les producteurs de drones et de missiles afin «d’envoyer un message clair après l’attaque contre Israël», a déclaré le président du Conseil, Charles Michel.