Après plus de 200 jours de guerre, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans la bande de Gaza. Tôt mercredi, des sources hospitalières et sécuritaires ont fait état de plusieurs frappes aériennes dans les secteurs de Nousseirat (centre) et de Rafah, situé à la pointe sud du territoire, ou s’entassent près de 1,5 million de personnes, dont une majorité de déplacés qui ont fui les autres zones du Territoire palestinien
Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d’installer des abris et des centres de distribution de nourriture.
Cette opération d’évacuation durerait deux à trois semaines et serait menée en coordination avec les États-Unis, l’Égypte et d’autres pays arabes tels que les Emirats arabes unis, selon ces responsables. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a fait savoir qu’il étudiait une «série de mesures à prendre en préparation des opérations à Rafah, en particulier sur l’évacuation des civils».
«Apocalyptique»
«On ne voit pour l’instant aucun plan d’évacuation pour les civils» de Rafah, a toutefois déclaré mardi à l’AFP Fabrizio Carboni, directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour qui une évacuation massive n’est «pas possible» dans les conditions actuelles.
Pour Jan Egeland, le secrétaire général de l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC), une offensive sur Rafah, «le plus grand camp de déplacés sur terre», conduirait à une «situation apocalyptique».
Israeli media say Rafah invasion is imminent, and pro-Palestine encampments spring up on more US university campuses as war waged by Tel Aviv on the Palestinian enclave enters its 201st day
— TRT World (@trtworld) April 24, 2024
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L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.183 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 77.000 blessés, selon un bilan publié dimanche par le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 470 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
«Climat d’impunité»
L’ONU a réclamé mardi une enquête internationale sur des fosses communes découvertes dans les deux principaux hôpitaux de ces villes, al-Chifa à Gaza et Nasser à Khan Younès, soulignant la nécessité de mettre fin au «climat d’impunité» actuel dont jouirait Israël.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits humains, Volker Türk, s’est dit «horrifié par les destructions» de ces deux hôpitaux «et par la découverte annoncée de fosses communes dans et autour de ces sites».
La Défense civile de Gaza a affirmé avoir exhumé depuis samedi plus de 340 corps de personnes tuées et enterrées par les forces israéliennes dans des fosses communes à l’intérieur du complexe hospitalier Nasser. Parmi eux se trouvaient des cadavres de femmes et de jeunes enfants aux mains liées derrière le dos, laissant penser à des exécutions sommaires lors de l’assaut de l’armée israélienne sur ce complexe hospitalier.
Dans les ruines de l’hôpital al-Chifa, un médecin, Amjad Alewah, est venu montrer mardi à un correspondant de l’AFP l’accueil des urgences, calciné et partiellement vidé de son mobilier. «Au bout de 200 jours de guerre, nous sommes maintenant au milieu des décombres de ce grand hôpital (...) Nous recevions des milliers de blessés chaque jour», se souvient-il.
Par mer et terre
Outre le lourd bilan humain et les destructions massives, la population de Gaza est confrontée selon l’ONU à un risque de famine. Les États-Unis ont promis le début «très prochainement» de la construction d’une jetée à Gaza pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien bombardé et assiégé par Israël, a déclaré mardi le Pentagone.
Au cours des derniers jours, Israël, qui contrôle l’entrée des marchandises dans la bande de Gaza, a augmenté le nombre de camions d’aide autorisés à pénétrer dans le territoire. Israël et l’ONU ne s’accordent pas toujours sur le décompte de ces camions d’aide, mais le patron de l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, s’est félicité d’un nombre record de camions entrés le territoire en une seule journée.
«Où il y a une volonté, il y a un chemin», a-t-il écrit mardi soir sur X, après avoir demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une enquête indépendante «sur les 180 employés de l’UNRWA tués» dans la guerre. Le Conseil doit d’ailleurs discuter mercredi de l’aide à Gaza.
Une aide 13 milliards de dollars
À Washington, le Sénat américain a approuvé une aide de 13 milliards de dollars d’assistance militaire à Israël, afin notamment de renforcer son bouclier antimissile «Dôme de fer» déployé à ses frontières.
Le plan américain comporte aussi plus de neuf milliards de dollars pour «répondre au besoin urgent d’aide humanitaire à Gaza et à d’autres populations vulnérables dans le monde», notamment au Soudan, en guerre aussi depuis plus d’un an, confirmant ainsi un vote ce week-end de la chambre des Représentants, autre branche du Congrès.