Gaza: une trêve fragile débute aujourd’hui après 15 mois de guerre

Un enfant passe à vélo devant une banderole dédiée aux otages détenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du 7 octobre 2023 par des militants du Hamas, installée sur une place devant le Musée d'art de Tel Aviv, désormais appelée officieusement la «place des otages», à Tel Aviv, le 16 janvier 2025. AFP or licensors

Après 15 mois de guerre meurtrière dans la bande de Gaza, un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas doit entrer en vigueur dimanche matin et être suivi de libérations d’otages, nourrissant les espoirs de paix durable malgré un avertissement de Benjamin Netanyahu.

Le 19/01/2025 à 06h28

Quelques heures avant l’échéance, fixée à 08H30 locales, le premier ministre israélien a mis en garde qu’il s’agissait «d’un cessez-le-feu provisoire» et qu’Israël se gardait «le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des États-Unis».

Selon les termes de l’accord arraché dans les derniers jours de la présidence de Joe Biden, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines.

En échange, Israël va libérer 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, l’Egypte faisant état de son côté de «plus de 1.890 prisonniers palestiniens» devant être libérés au cours de cette première phase.

D’après le président américain, Joe Biden, cette dernière comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé par la famine selon l’ONU.

Les autorités égyptiennes ont précisé que l’accord prévoyait «l’entrée de 600 camions d’aide par jour», incluant 50 camions de carburant.

Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.

«Impatience»

Dans la bande de Gaza, ravagée par le conflit, de nombreux Palestiniens déplacés se sont dits pressés de rentrer chez eux.

«Nous attendons ce moment avec impatience que la vie reprenne son cours (...) Nous voulons fréquenter les marchés et les lieux publics en toute sécurité», a dit à l’AFPTV Ahmed Hamouda, un déplacé palestinien, à Deir el-Balah (centre).

L’accord ambitionne, selon le Qatar, de déboucher sur une fin définitive de la guerre, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

L’attaque a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée israélienne.

Au moins 46.899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l’offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.

Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d’être anéanti, contrairement à l’objectif qu’avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.

Mais après plus d’un an de négociations laborieuses, un accord de cessez-le-feu a finalement été annoncé mercredi.

Le gouvernement israélien l’a approuvé tard dans la nuit de vendredi à samedi, après le feu vert du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

Des otages seront libérés dès dimanche, a annoncé le gouvernement israélien, sans préciser leur nombre ou à quelle heure.

Trois points d’accueil ont été installés à la frontière sud d’Israël avec Gaza, aux passages de Kerem Shalom, Eretz et à celui proche du kibboutz Réïm, a précisé un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins.

Selon des sources proches du Hamas, le premier groupe d’otages libérés devrait comprendre trois Israéliennes.

Netanyahu a exigé samedi soir de recevoir «la liste» des otages devant être libérés dimanche avant de pouvoir procéder au premier échange de prisonniers.

Israël a désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7-Octobre. Leur libération interviendra après 14H00 GMT, d’après les autorités.

Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d’attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté et écroué en 2019.

Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables, selon Paris. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d’une première trêve d’une semaine en novembre 2023.

«Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et qu’ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau», a dit à l’AFP samedi soir Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage décédé, lors d’une manifestation à Tel-Aviv.

«Faire ce qui doit être fait»

Samedi, Donald Trump a déclaré à la chaîne américaine NBC qu’il avait dit à Netanyahu que la guerre «devait prendre fin». «Nous voulons qu’elle prenne fin, mais nous devons continuer à faire ce qui doit être fait», a-t-il déclaré.

Malgré l’annonce de la trêve à Gaza, les rebelles houthis au Yémen, qui soutiennent les Palestiniens, ont revendiqué deux attaques au missile samedi contre Israël, qui ont été interceptés par l’armée.

Ces rebelles ont mis en garde tôt dimanche les forces opposées à eux en mer Rouge contre les «conséquences» qu’aurait toute «agression» de leur pays lors de la trêve.

Depuis novembre 2023, les Houthis mènent des attaques au large du Yémen contre des navires qu’ils estiment liés à Israël, ce qui a perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, poussant les États-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.

La ville israélienne de Tel-Aviv a par ailleurs été samedi le théâtre d’une attaque au couteau perpétrée par un «terroriste» selon la police, laissant entendre qu’il s’agirait d’un Palestinien. Un homme a été blessé et l’assaillant «neutralisé» par un civil armé.

Par Le360 (avec AFP)
Le 19/01/2025 à 06h28

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