Donald Trump a prévenu qu’il s’attendait à être inculpé le mardi 21 mars -ce qui serait sans précédent pour un ancien président américain- dans une affaire impliquant un paiement pour acheter le silence d’une actrice de films X. Via son réseau social, le candidat à la présidence pour 2024 a appelé ses partisans à manifester, plaçant les forces de l’ordre sur le qui-vive. Voici ce à quoi on peut s’attendre dans les jours à venir:
Sera-t-il inculpé?
L’ancien président américain l’a assuré lui-même samedi, il pourrait être «arrêté» mardi dans ce que son avocate Susan Necheles a dénoncé comme des «poursuites politiques» de la part du procureur de l’État de New York pour le district de Manhattan, Alvin Bragg, un élu démocrate.
Dans cette affaire, la justice cherche à déterminer si Donald Trump s’est rendu coupable de fausses déclarations ou de manquement aux lois sur le financement électoral en versant 130.000 dollars à une actrice pornographique, Stormy Daniels (Stephanie Clifford de son vrai nom), dans les semaines précédant l’élection de 2016, pour qu’elle taise une supposée relation extraconjugale.
La possibilité d’une telle inculpation s’est rapprochée avec l’accélération de l’enquête: en début de semaine, un ancien avocat de Donald Trump ayant procédé au versement de la somme, Michael Cohen, et Mme Clifford ont tour à tour été entendus, puis M. Trump lui-même a été invité à témoigner devant un grand jury, panel de citoyens doté de larges pouvoirs d’enquête et chargé d’entériner une mise en examen.
Or, «les procureurs n’invitent presque jamais la cible de l’enquête à témoigner devant le grand jury à moins qu’ils n’aient l’intention de l’inculper», a expliqué à l’AFP le professeur de droit et ancien procureur Bennett Gershman.
Quel déroulé judiciaire le jour J?
Selon l’ancien procureur fédéral Renato Mariotti, même en cas de son inculpation, il est probable que Donald Trump se rende volontairement au tribunal, où il pourrait être placé en état d’arrestation. Si le parquet décidait d’inculper l’ancien président, un rendez-vous au tribunal serait convenu entre les procureurs et ses avocats afin qu’il se voie signifier les éventuels chefs d’accusation retenus contre lui.
«Il n’arriverait probablement pas au tribunal par la porte de devant», pour des raisons de sécurité et éviter d’en faire «un spectacle», juge auprès de l’AFP Robert McDonald, professeur de droit pénal à l’université de New Haven et ancien du Secret Service, l’agence américaine chargée de protéger les hautes personnalités américaines.
«On relèverait alors ses empreintes digitales, on l’enregistrerait», a expliqué samedi sur Twitter Renato Mariotti, notamment en prenant les fameuses photos d’identité judiciaires américaines. Puis, après avoir comparu devant un juge, il ressortirait libre du tribunal après s’être acquitté d’une éventuelle caution.
Shan Wu, un ancien procureur fédéral exerçant aujourd’hui dans le privé, pense qu’en dehors de la sécurité renforcée, un déplacement volontaire de M. Trump au tribunal où il pourrait être arrêté rappellerait alors n’importe quelle autre affaire impliquant des cols blancs.
Mais l’ex-président américain a le sens de l’imprévisible et du spectaculaire: certains se demandent si M. Trump pourrait ainsi refuser de se rendre, mettant au défi de l’arrêter le bureau du procureur de Manhattan Alvin Bragg. «On pourrait imaginer que Trump veuille faire cela pour des raisons politiques (...), pour se rendre plus sympathique», estime M. Wu pour l’AFP. «C’est quelque chose que redouterait le bureau» du procureur.
Quel dispositif de sécurité?
Des craintes ont vu le jour, après l’appel samedi de Donald Trump à des manifestations, que ne se produisent des violences comme celles qui avaient suivi des messages similaires de sa part le 6 janvier 2021, lors de l’attaque contre le Capitole. Les forces de l’ordre, de l’échelon fédéral (FBI) à celui de la police de New York, se coordonnent depuis la semaine dernière dans l’optique d’une inculpation de l’ex-président, afin de parer à des troubles éventuels.
Pour l’heure, les autorités n’ont pas annoncé anticiper de manifestations de grande ampleur. Une organisation de jeunes républicains, le Young Republican Club, appelle à une «manifestation pacifique» lundi dans le sud de l’île de Manhattan, où se trouve le tribunal.
C’est notamment devant ce bâtiment judiciaire que la police entrevoit la possibilité de heurts, notamment entre des possibles manifestants pro et anti-Trump.
À Washington, où des centaines de partisans de Donald Trump s’étaient lancés à l’assaut du Congrès américain en pleine certification de la victoire de Joe Biden, la police «n’a pas connaissance» de manifestations prévues mais «continuera de surveiller» la situation et se coordonnera avec le FBI «pour assurer la sécurité des habitants et visiteurs», selon un porte-parole.