Le mouvement islamiste palestinien a cependant déclaré vouloir un cessez-le-feu «complet» avec Israël en préalable à tout accord sur une libération des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, il y a bientôt quatre mois.
Les craintes d’une extension du conflit ont ressurgi après la mort de trois soldats américains tués en Jordanie dans une attaque de drone, imputée par Washington à des groupes pro-Iran, mais aussi de tensions au Yémen, en mer Rouge, en Irak, au Liban et en Syrie...
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a indiqué lundi soir que des soldats postés à Gaza «montent vers le nord (du pays) et se préparent pour la suite», une référence à la frontière israélo-libanaise, théâtre d’échanges quotidiens avec le Hezbollah, mouvement soutenu par l’Iran et allié du Hamas.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) trois missiles israéliens ont d’ailleurs visé dans la nuit «une base du Hezbollah libanais et des Gardiens de la Révolution», l’armée idéologique du régime iranien, faisant huit morts, dans la banlieue de Damas, la capitale syrienne.
«Mourir de faim»
À Gaza, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui fournit une aide vitale aux civils, est en difficulté après des accusations israéliennes sur l’implication présumée de douze de ses employés dans l’attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël.
L’Union européenne lui a demandé «d’accepter qu’un audit soit mené par des experts indépendants, choisis par la Commission européenne». Et le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a réclamé la démission du commissaire général de l’UNRWA.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dont le pays est le premier bailleur de l’UNRWA, a jugé lundi «impératif» que cette agence de l’ONU enquête sur ces accusations tout en jugeant son travail «absolument nécessaire» à Gaza.
Douze pays, incluant les États-Unis, ont suspendu leur financement à l’agence, malgré l’appel du patron de l’ONU, Antonio Guterres, à garantir la poursuite de ses opérations. Vingt organisations humanitaires, dont Oxfam, Save the Children et ActionAid, se sont dites «indignées» par la suspension de l’aide, dans un communiqué commun.
À Rafah, la ville du sud de Gaza frontalière avec l’Égypte où s’entassent plus d’1,3 million de déplacés selon l’ONU, certains témoignaient lundi de leur inquiétude. «Nous vivons de l’aide que nous apporte l’UNRWA. Si elle s’arrêtait, nous mourrions de faim et personne ne viendrait à notre secours», confiait Sabah Masabih, 50 ans.
Négociations en coulisses
L’attaque sans précédent du Hamas a entraîné la mort d’environ 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. En riposte, Israël a juré d’«anéantir» le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il classe organisation terroriste comme les États-Unis et l’Union européenne.
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Les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien ont fait 26.637 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas.
À Khan Younès, devenue l’épicentre de la guerre, des combats «très violents» font rage, selon des témoins.
Des images tournées par l’AFP lors d’une récente visite organisée par l’armée montrent des chars progressant dans un paysage dévasté, entre les immeubles éventrés, où les soldats ont découvert un tunnel attribué au Hamas. Les «spécificités» de cette guerre, explique Dan Goldfus, le commandant de la mission, «c’est que les manœuvres se font en surface et en sous-sol».
En Israël, les sirènes d’alerte aux roquettes ont retenti lundi à Tel-Aviv et dans le centre du pays. Les tirs ont été revendiqués par la branche armée du Hamas, après plusieurs semaines de calme dans cette région.
En coulisses, les négociations se poursuivent en vue d’une trêve. Un cadre pour une trêve accompagnée de nouvelles libérations d’otages va être transmis au Hamas, a annoncé lundi à Washington le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani.
Contexte régional explosif
Il a fait état de «progrès notables» après une réunion dimanche à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris. «Un travail très important et productif a été accompli et il y a un réel espoir pour l’avenir», a déclaré lundi Antony Blinken, saluant une «bonne et forte proposition».
Le projet d’accord impliquerait une trêve de deux mois et la libération de tous les otages contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon le New York Times.
Israël a fait état de discussions «constructives», malgré des «différends». Or le Hamas veut négocier un «cessez-le-feu complet» avec Israël en préalable à tout accord, a indiqué lundi à l’AFP un haut responsable du mouvement islamiste.
Le Qatar, l’Égypte et les États-Unis avaient négocié une première trêve ayant permis la libération fin novembre d’une centaine des quelque 250 personnes enlevées en Israël le 7 octobre, en échange de prisonniers palestiniens.
Dans un contexte régional explosif, trois militaires américains ont été tués et 34 blessés dans une attaque de drone dimanche dans le nord-est de la Jordanie, près de la frontière avec la Syrie et l’Irak, imputée par Washington à des groupes pro-Iran.
Le président Joe Biden répondra «d’une manière très conséquente», a déclaré sur un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, tout en assurant que les États-Unis ne «cherchaient pas la guerre avec l’Iran» ni de «conflit plus large au Moyen-Orient».
Téhéran a réfuté toute implication dans l’attaque.