Selon le rapport annuel sur la pauvreté et la prospérité de l’institution, 44% de la population mondiale vit avec moins de 6,85 dollars par jour, ce qui est considérée comme le seuil de pauvreté dans les pays émergents.
Plus encore, près de 700 millions de personnes, soit 8,5% de la population, vit avec moins de 2,15 dollars par jour, soit le seuil d’extrême pauvreté, un taux qui devrait baisser à 7,3% d’ici à 2030, espère la Banque.
«Après plusieurs décennies de progrès, le monde fait face à de sérieux retards en matière de lutte contre la pauvreté, conséquence d’une convergence entre ralentissement économique, dette élevée, conflits, chocs climatiques et la pandémie» de Covid-19, a détaillé le directeur général de la BM, Axel van Trotsenburg, cité dans le communiqué.
La pandémie de Covid-19, en particulier, a porté un coup sérieux à la réduction de la pauvreté dans le monde, observe le rapport, alors qu’un certain nombre de pays en développement n’ont pas retrouvé leur niveau de PIB par habitant pré-pandémique.
«Nous rejoignons l’analyse de la Banque mondiale soulignant que les gens ordinaires partout dans le monde sont confrontés à une décennie perdue, qui va laisser des traces sur toute une génération», a réagi dans un communiqué Max Lawson, responsable des politiques inégalitaires chez Oxfam.
Par ailleurs, malgré une réduction des très fortes inégalités de revenus dans le monde, 20% de la population mondiale y reste confrontée, tout particulièrement en Amérique latine et en Afrique sub-saharienne.
«Le 1% le plus riche a capté plus de richesse que 95% de la population, il ne faut pas chercher bien loin pourquoi il faudra plus d’un siècle pour mettre fin à la pauvreté. La réduction radicale des inégalités doit être la priorité de la Banque mondiale», a insisté M. Lawson.
La Banque mondiale estime en effet qu’au rythme actuel, il faudra un siècle pour faire disparaître la pauvreté dans la moitié du monde.
Mais, la difficulté pour beaucoup de pays est désormais de trouver la bonne approche pour être en capacité d’améliorer leur croissance économique, nécessaire pour réduire la pauvreté, sans pour autant entraîner une hausse de leurs émissions carbone, alors qu’ils sont les premiers confrontés aux conséquences du réchauffement climatique.
Si réduire l’extrême pauvreté ne nécessite pas d’activités émettrices, il n’en va pas autant de celles permettant de réduire le nombre de personne sous le seuil de pauvreté.
Afin d’y parvenir, les gouvernement doivent par exemple aider les agriculteurs à «adopter des nouvelles technologies, adaptées au risque climatique, qui aideront à réduire la pauvreté, diffuser la prospérité et préserver la planète», a souligné le chef économiste de la Banque, Indermit Gill.
«Des investissements réguliers dans l’éducation et la santé rapport plus en matière de lutte contre la pauvreté et de prospérité dans les pays en développement que les programmes d’assistance sociale financés par les États», a-t-il ajouté.