Dans un article datant du 10 mai, le Washington Post s’est fendu d’un article ironique à plus d’un titre, dans lequel la publication souligne les nombreuses contradictions d’une politique française qui impose d’un côté le port du masque et interdit dans le même temps aux femmes musulmanes de se voiler.
«La France, à l'origine de l'interdiction de la burqa, a fait plus que tout autre pays occidental au cours de la dernière décennie pour résister au voile du visage en public», annonce d’emblée le Washington Post dans son article.
«Mais alors que le pays commence à sortir de son confinement lundi, les masques sont obligatoires», poursuit le journaliste, en rappelant que les Français sont tenus de porter des masques dans tous les lieux publics, y compris transports et écoles sous peine d’amendes.
Le port du masque a été accepté avec peu de commentaires ou de controverses indique l’article, qui évoque par la même occasion que dans un récent sondage, BFMTV a révélé que 94% des Français soutiennent le port du masque.
Une manière un peu tirée par les cheveux de considérer cette statistique à la lumière de la loi française qui réglemente les couvre-visages islamiques dans les espaces publics au motif que cacher son visage viole les valeurs fondamentales de la République.
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Masquer oui, voiler non!Puis, pour aborder la question du voile, le Washington Post évoque ces «nombreux musulmans, défenseurs de la liberté religieuse et érudits», qui considèrent avec beaucoup d'ironie cette société française qui masque mais refuse de voiler ses citoyens.
Une lecture du même comportement jugée asymétrique, au mieux arbitraire, au pire discriminatoire.
Et de rappeler par ailleurs qu’en 2004, le pays a interdit le foulard dans les écoles publiques, invoquant la neutralité religieuse des institutions publiques.
«En 2010, il a interdit le niqab et la burqa couvrant complètement le visage partout dans le public, faisant valoir que ces vêtements menaçaient la sécurité publique et représentaient un rejet d'une société de citoyens égaux», rappelle la publication nord-américaine.
Qu’en ressort-il in fine? Peut-on se voiler intégralement en temps de pandémie? Faut-il porter un masque au-dessus de son voile? Une femme voilée pourra-t-elle être condamnée à une amende alors même que le port du masque est obligatoire? L’affaire n’est pas simple…
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La communauté et la solidarité, deux notions qui s'opposentChristophe Castaner, le ministère français de l'Intérieur aurait ainsi confirmé au Washington Post que l'interdiction de la burqa s'appliquerait toujours pendant la pandémie de Covid-19, alors que les gens sont autrement encouragés à se couvrir le visage.
Ainsi, si une femme porte un couvre-visage religieux, elle sera «punie de l'amende prévue pour les infractions de deuxième classe», comme l’indique le ministère de l’Intérieur, mais «le port d'un masque destiné à prévenir tout risque de contagion par Covid-19 ne constitue pas une infraction pénale».
«Cela suggère que si une femme musulmane voulait monter dans le métro parisien, elle devrait retirer sa burqa et la remplacer par un masque», résume l’article non sans ironie.
Enfin, autre fait qui mérite d’être souligné, la texture du masque. Aujourd’hui, si la France autorise l’utilisation des masques en tissus, elle n’autorise pas la burqa qui, rappelle la publication américaine, bien qu’elle «ait une signification religieuse claire, couvre également le nez et la bouche et pourrait ralentir le virus aussi bien que de nombreux masques faits maison».
Ainsi du point de vue américain, différencier un voile considéré comme un retrait de la société d’un masque qui lui est devenu le signe d’un devoir civique «reflète les façons contradictoires dont la France définit la communauté et la solidarité».
«Ce n'est pas de l’hypocrisie, c'est de la schizophrénie», explique de son côté Olivier Roy, spécialiste français de la laïcité et de l'islam.
«Ce qui revient à dire qu'il s'agit du problème de l'islam. Si vous couvrez votre visage pour l'islam, ce n'est pas conforme à la République. Si vous vous couvrez le visage pour une raison qui n'a rien à voir avec l'islam, c'est acceptable.»