Vendredi 28 août, deux plaintes visant les autorités algériennes pour violation des droits de l’Homme ont été déposées auprès du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme à Genève.
Mardi 1er septembre, l’Agence de presse algérienne (APS) a publié une dépêche selon laquelle «la plainte introduite par des activistes politiques algériens à l'encontre des autorités algériennes avait été rejetée 24h après son dépôt et examen de son contenu par les délégués juristes du Bureau» des contentieux de l'ONU à Genève.
Ce jeudi 3 septembre, Marta Hurtado, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, a réagi: «Faux, nous n’avons rejeté aucune plainte contre les autorités algériennes à notre niveau». Elle répondait ainsi aux sollicitations des journalistes d’Algérie Part. C’est en effet ce média qui vient de démasquer l’APS, s'étant assuré, preuves à l’appui, que ladite «dépêche relève purement de la désinformation», comme il la qualifie.
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La porte-parole onusienne a précisé que le Bureau de Genève a «reçu effectivement deux plaintes déposées contre les autorités algériennes concernant les violations des droits de l’Homme en Algérie, notamment l’emprisonnement arbitraire de nombreux journalistes et activistes politiques qui ont usé de leurs droits à la liberté d’expression».
Ces plaintes ont bien été déclarées recevables et sont en cours de traitement par le Bureau des contentieux de l'ONU à Genève, toujours selon Martha Hurtado, qui ajoute: «les autorités algériennes seront prochainement contactées par nos services pour recueillir leurs explications».
Enfonçant davantage le clou, elle explique que «le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme n’a pas pour vocation de rejeter des plaintes pour des violations flagrantes des droits de l’Homme. Toutes les plaintes sont étudiées selon un processus réglementaire connu par les représentants des autorités algériennes auprès de l’ONU».
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Pour rappel, et en vue de faire passer leur mensonge, les autorités algériennes auraient apparemment traficoté les propos d’un fonctionnaire égyptien, Issam Al Muhammadi, secrétaire au Bureau des contentieux de l'ONU à Genève. Ce dernier, selon l’APS, aurait affirmé sur les ondes de Radio Monte-Carlo (RMC) que la plainte «à l'encontre des autorités algériennes avait été rejetée 24h après son dépôt».
Même pour ces déclarations, Martha Hurtado a déclaré qu’une enquête sera ouverte pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un autre mensonge de l’APS. «Le Bureau des Nations unies pour les droits de l’Homme a également ouvert une enquête pour déterminer l’origine de ces informations relayées par l’APS en Algérie», a-t-elle affirmé.
Cependant, même si la vérité a été enfin rétablie, il faut signaler qu’entre mardi et jeudi, beaucoup d’encre a coulé dans les médias algériens, qui étaient nombreux à s’être laissés embarquer aveuglement par la fake news de l'APS. A l’image de cet éditorialiste du journal L’Expression, qui écrit que «les nouveaux harkis sont connectés avec des étrangers fournis par des officines. Ce dernier point devrait convaincre ceux qui ne croient pas encore, ou font semblant de ne pas croire à la main de l'étranger.»
Sauf que plutôt que d’accuser la main de l’étranger, comme le font toujours les dirigeants du régime algérien, ce journaliste aurait mieux fait de bien lire la dépêche incriminée. Cette dernière a bien parlé de plainte déposée par «des activistes politiques algériens». Là au moins, l’APS n’a pas menti. Une performance rare.