Selon des informations relayées par plusieurs médias ces derniers jours, le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, suit actuellement des soins en Suisse. Une information non officielle certes, mais à prendre très au sérieux, puisque l’actuel patron de l’armée algérienne a disparu des radars, quelques jours seulement après l’hospitalisation en catastrophe d’Abdelamdjid Tebboune. Or, cela fait maintenant plus d’un mois que le président algérien, dont la dernière apparition publique remonte au 15 octobre dernier, n’a plus été revu après qu’il a été déclaré (gravement) malade, suite à une infection virale due au Covid-19 et ses complications.
Le vide institutionnel ainsi créé a réveillé les démons des deux derniers mandats présidentiels d’Abdelaziz Bouteflika, fortement handicapé par un AVC, mais dont le clan faisait croire qu’il dirigeait toujours le pays, que ce soit à partir de son lit d’hôpital à l’étranger ou de sa résidence ultra médicalisée à Alger.
Mais contrairement à Bouteflika, qui se présentait de temps à autre à l’opinion publique, malgré son état physique et mental très dégradé, Abdelmadjid Tebboune n’a jamais été vu depuis l’annonce de son isolement en Algérie, ni pendant son interminable hospitalisation en Allemagne. Ce qui fait dire aux Algériens qu’il est dans un état pire que celui de son prédécesseur, une impression renforcée par un flot de communiqués catastrophiques et fake news officiels, visant à tromper sur l’état de santé du président.
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Pour ce qui est de Saïd Chengriha, le premier signe de sa maladie pourrait être attesté par la très brève mise en scène qu’il a opérée à partir du 1er novembre courant, et par laquelle il voulait donner l’impression qu’il n’y avait aucune vacance de pouvoir suite à la maladie de Tebboune. En effet, et contrairement aux coutumes de l’état-major algérien, le général Saïd Chengriha a tenté de s’ériger ouvertement en homme fort du régime en s’affichant en costume civil lors de festivités officielles. «Le président c’est moi», ont alors compris les Algériens, surtout que le président du Conseil de la nation (Sénat), Salah Goujil, qui bouclera ses 90 ans le 31 janvier prochain et est censé remplacer Tebboune en cas d’empêchement définitif, n’a même plus la force de se rendre à son bureau, et a fortiori diriger, même temporairement, tout un pays.
Cette mise en scène de Chengriha a fait long feu, ce qui laisse entendre que c’est vers la première semaine de novembre qu’il aurait commencé ses soins en Suisse.
Deuxième indication: il est certain que le 13 novembre courant, jour où les Forces armées royales ont rétabli l’ordre à El Guerguerat, le général Chengriha était sur un lit d’hôpital. En effet, pour réagir à «chaud» à ce coup fatal assené au Polisario, la propagande algérienne n’a trouvé mieux que de puiser dans ses archives pour ressortir une ancienne déclaration du chef d’état-major de l’armée algérienne, servie à l’opinion algérienne comme s’il s’agissait d’une actualité brûlante. Dans cette vidéo où Chengriha désigne le Maroc comme un «ennemi classique» de l’Algérie, la supercherie a été trahie par l’ancien grade du patron de l’armée algérienne et l’absence du port du moindre masque au sein de l’assistance très serrée qui l’écoutait. Ce qui ne laissait aucun doute sur le caractère ancien de cette déclaration.
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Cependant, la dernière activité officielle de Chengriha, selon les médias algériens, remonte à samedi dernier, où il aurait présidé une réunion avec les responsables de l’industrie militaire, en vue de les inciter à exporter leurs produits. Mais cette activité est à prendre avec des pincettes, car le fait de ne pas aborder les derniers développements dans la région est inexplicable, surtout de la part d’un général va-t'en-guerre, qui a toujours incité le Polisario à attaquer militairement le Maroc.
Mais il y a un autre indice qui porte fortement à douter de cette activité: l’absence d’images à la télévision algérienne, alors que Chengriha qui, en temps normal, aime être vu, devrait se montrer davantage dans la conjoncture actuelle.
Sans chef d’Etat, ni chef suprême des armées, ni ministre de la Défense, ni chef d’état-major de l’armée, fonctions que se partagent Tebboune et Chengriha, l’Algérie est en roue libre.
Agés chacun de plus de 75 ans, Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chengriha sont emblématiques de la maladie qui ronge le régime algérien: la gérontocratie.