«Le président de la république, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu mercredi l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, qui reprendra ses fonctions à Paris à partir de ce jeudi 06 janvier 2022»: tels sont les termes laconiques du communiqué intégral publié le mercredi 5 janvier dernier par la présidence algérienne, annonçant, officiellement, le retour de l’ambassadeur algérien à Paris.
Ainsi, au lieu de laisser Antar Daoud retourner à son poste sans grande pompe, poste qu’il a d’ailleurs rejoint plusieurs fois en catimini ces dernières semaines, le régime algérien a tenu à proclamer ce retour, dans l’espoir, sans doute, de neutraliser les critiques. Car dans le fond, la junte n’a obtenu aucune concession du gouvernement français.
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Le nœud gordien de la crise, qui a éclaté le 30 septembre dernier entre la France et son ex-possession coloniale, fait suite aux propos d’Emmanuel Macron qui a rappelé des évidences sur le régime algérien. L’Algérie s’est toujours construite sur «une rente mémorielle», servant à légitimer «le système politico-militaire», qui dirige sans partage le pays depuis son indépendance en 1962, et qui «est fatigué, le Hirak l’a fragilisé», a déclaré le président français. Selon Emmanuel Macron, en effet, «l’Histoire officielle en Algérie est totalement réécrite», ce qui a poussé le président français à s’interroger en ces termes: «est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?».
En réaction à ces vérités assénées par Macron, l’Algérie a d’abord rappelé son ambassadeur à Paris le 2 octobre dernier. Et comme c’est la junte militaire qui avait été ciblée par les propos du président français, Alger a décidé de fermer l’espace aérien algérien aux avions militaires français se rendant au Mali dans le cadre de l’opération antiterroriste «Barkhane».
Ces mesures avaient été accompagnées par une campagne médiatique enragée, qui avaient été jusqu’à appeler à rompre les relations diplomatiques avec la France, comme cela a été fait avec le Maroc.
Au final, le régime algérien, plus que jamais isolé sur la scène internationale, s’est retrouvé face à une énième crise qu’il a provoquée, sans pouvoir la gérer par la suite. Il s’est désespérément accroché à une bouée de sauvetage, d’abord tendue par un conseiller d’Emmanuel Macron, «regrettant les polémiques et les malentendus avec l'Algérie», puis au ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a effectué, le 8 décembre dernier, une visite éclair de quelques heures à Alger. Pourtant, aucun responsable français, et encore moins le chef de l’Etat, n’a jamais reconsidéré ou regretté les vérités crues qui avaient été rappelées au régime algérien.
Entre-temps, les autorités algériennes n’ont eu de cesse d'avoir les yeux de Chimène en direction de la France en vue d’un rapide retour à la normale.
C’est ainsi que Mohamed Antar Daoud s’est régulièrement rendu, certes en catimini, à Paris, et tout cela, sans parler des 9 consuls dont l’Algérie a quémandé la nomination à la mi-décembre dans différentes villes françaises, comme si la crise diplomatique entre les deux pays n’avait jamais existé.
A cela, il faut ajouter l’immixtion de l’Algérie dans la pré-campagne électorale française à travers un semblant de marchandage des voix des Algériens de France, sur lesquels le régime algérien n’a pourtant aucune influence.
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Ainsi, le discours ambiant ces derniers temps à Alger voudrait laisser entendre qu’il faut tout faire pour barrer la route de l’Elysée à l’extrême-droite xénophobe, qu’elle soit lepéniste ou zemmouriste, et soutenir ainsi Emmanuel Macron qui serait le meilleur choix, certes par défaut, pour le régime algérien.
Ces justifications font bien rire dans les chancelleries étrangères et en ajoutent à l’humiliation d’un régime qui s’embourbe dans des crises qu’il est impuissant à gérer.