Sans qu'ils soient officiellement investis, les deux candidats de La République En Marche (LREM), le mouvement du président Emmanuel Macron, la Franco-Algérienne Leila Aïchi et le Franco-Marocain M'jid El Guerrab sont tous deux sortis gagnants du premier tour des élections législatives comptant pour la 9e circonscription des Français de l'étranger. Ils ont obtenu respectivement 3.135 voix et 2.925 voix, soit 20,29% et 18,93% des votes. Une légère avance donc pour Leila Aïchi.
Si les scores ont été aussi serrés, c'est pour plusieurs raisons. Il y a d'abord le faible taux de participation à ce scrutin au Maroc. Sur un réservoir électoral de 50.000 électeurs, 21,5% seulement se sont déplacés. M’jid El Guerrab est naturellement arrivé premier (près de 24% des votes contre près de 15% pour Aïchi selon des chiffres encore provisoires), mais sur l'échelle des 16 pays de la circonscription (en Afrique du Nord et de l'Ouest), l'avantage est revenu à Aïchi. Il y a ensuite et surtout le soutien massif dont a bénéficié Aïchi, qui se prévaut d'ailleurs de sa proximité avec l'influent ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. On retiendra à ce propos la large couverture dont sa campagne a fait l'objet de la part des médias comme TV5 Monde. Ajoutons à cela la confusion qui a régné sur l'investiture des deux candidats, chacun revendiquant l'étiquette de La République en Marche mais sans que cela ne soit rendu officiel.
La messe est-elle dite pour autant? Rien n'est moins sûr. Un sursaut de l'électorat français au Maroc et dans les pays concernés par la 9e circonscription est fort probable pour le second tour. Au sein des binationaux comme d'une bonne partie des Français du Maroc, M'jid El Guerrab est LE candidat. D'autant que, vue d'ici, Aïchi traîne toujours le passif de son soutien au Polisario du temps où elle était députée des Verts. C'est d'ailleurs ce qui lui a valu un retrait de son nom de la liste des candidats investis par La République en Marche.
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Depuis, Leila Aïchi multiplie les initiatives pour adoucir son discours sur le Sahara et, partant, attirer la sympathie du Maroc, qui compte pour le tiers de l'assise électorale au niveau de la 9e circonscription. Elle a commencé par affirmer soutenir «fermement la recherche d'une solution juste, durable et mutuellement agréée, sous l'égide des Nations unies», sans pour autant réussir à faire oublier la conférence qu’elle a organisée en 2013 sur les «droits de l’Homme au Sahara». Tout comme elle a récemment (le 1er et 2 juin) fait escale au Maroc, notamment à Casablanca, pour faire part, mais en douceur, de ses bonnes intentions à l'égard du pays.
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Pendant ce temps, M'jid El Guerrab se présente, lui, comme le candidat qui fédère contre le discours clivant de Aïchi. Il se veut aussi l'incarnation de la constance de ses positions politiques alignées sur celles de la France. Entre eux deux, une guerre larvée n'est pas près de s'achever. Le mot de la fin ne sera prononcé que le dimanche 11 juin, date d'un second tour décisif.