Les cours du pétrole ont encore grimpé jeudi, au plus haut depuis novembre, toujours poussés par les craintes d’une insuffisance de l’offre face à une demande d’or noir qui ne faiblit pas, avec, désormais, en vue, le seuil psychologique des 100 dollars le baril. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s’est apprécié de 1,98%, pour clôturer à 93,70 dollars.
Quant au West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en octobre, il a lui avancé de 1,85%, à 90,16 dollars. Le WTI n’avait plus franchi la barre des 90 dollars depuis début novembre. «La tendance se poursuit», a commenté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, avec un WTI qui est monté de 14% en trois semaines, tandis que le Brent progressait de quasiment 13%.
Les estimations publiées mardi par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avec un déficit d’offre de 3,3 millions de barils par rapport à la demande au quatrième trimestre, un écart plus observé depuis 16 ans, ont tendu un peu plus un marché déjà à cran. «Le marché regarde les stocks se réduire» avec anxiété, selon Andy Lipow, tandis qu’Arabie saoudite et Russie se sont engagées à le priver de 1,3 million de barils par jour d’ici la fin de l’année, soit plus de 100 millions de barils.
Dans ce contexte, les analystes de la banque ANZ voient le Brent atteindre les 100 dollars d’ici la fin de l’année. En froid avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane, mal vu des pétroliers américains, le président Joe Biden ne dispose d’aucun levier évident pour calmer les cours, souligne Bill O’Grady, de Confluence Investment.
Ce «d’autant qu’il a tellement tiré sur les réserves stratégiques» (SPR) américaines, tombées en juillet à leur plus bas niveau depuis près de 40 ans, «que je ne vois personne soutenir un nouveau tirage» des SPR pour faire redescendre les prix, explique l’analyste.
Aux États-Unis, le prix de l’essence s’approche, de nouveau, du seuil symbolique des 4 dollars le gallon (3,78 litres), à 3,858 dollars jeudi, selon l’association AAA. L’or noir est le principal responsable de la remontée de l’inflation aux États-Unis, illustrée par l’indice des prix à la consommation CPI et celui des prix à la production PPI, publiés mercredi et jeudi.
Pour autant, Andy Lipow ne voit pas d’effet, à court terme, de la flambée des cours sur la demande. «On n’en est pas encore là, parce que les consommateurs américains continuent à beaucoup dépenser», dit-il.