Les Européens s’engagent à renforcer leur défense, Washington et Kiev reprennent langue

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, entouré du président du Conseil européen, Antonio Costa, et de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, lors du Sommet européen du 6 mars 2025 à Bruxelles.. AFP or licensors

Déterminés à réagir face au désengagement américain, les dirigeants européens ont affiché jeudi leur volonté de renforcer les capacités de défense du continent, au moment où Washington annonçait une nouvelle réunion avec Kiev en Arabie saoudite.

Le 07/03/2025 à 08h02

Réunis en sommet exceptionnel à Bruxelles, le jeudi 6 mars, les dirigeants européens ont donné leur feu vert au plan de la Commission européenne, baptisé «Réarmer l’Europe», qui vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros, soulignant « la nécessité d’accroître substantiellement les dépenses en matière de défense ».

«Nous allons de l’avant de façon décisive vers une Europe de la défense forte et plus souveraine», s’est félicité Antonio Costa, président du Conseil européen. Appelant la Commission à transcrire rapidement ces idées en propositions concrètes, ils se sont engagés à examiner en priorité la proposition de mettre à disposition quelque 150 milliards d’euros sous forme de prêts.

Parmi les autres pistes, la possibilité pour les Etats membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans le calcul de leur déficit public, en principe limité à 3% de leur produit intérieur brut (PIB).

Dans une illustration frappante des doutes croissants des Européens sur l’attitude des Etats- Unis, Donald Trump a une nouvelle fois jeudi remis en cause l’engagement américain au sein de l’Otan. Estimant que son pays ne devait pas venir au secours de ceux qui, à ses yeux, ne dépensent pas assez pour leur propre défense, il s’est aussi ouvertement interrogé sur le fait de savoir si la France par exemple viendrait en aide aux Etats-Unis.

«Nous avons toujours été là l’un pour l’autre. Nous sommes des alliés loyaux et fidèles», a rétorqué Emmanuel Macron, soulignant que la France éprouvait «respect et amitié» pour les Etats-Unis et leurs dirigeants et était «en droit de réclamer la même chose».

«Pas seuls»

«Nous sommes très reconnaissants de ne pas être seuls. Et ce ne sont pas seulement des mots. Nous le ressentons», avait lancé le président ukrainien à son arrivée à Bruxelles. Dans un contraste saisissant avec l’image d’un Donald Trump menaçant dans le Bureau ovale, il était entouré du président du Conseil européen Antonio Costa et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui ont insisté sur leur détermination à soutenir Kiev.

L’Europe et l’Ukraine sont à un «moment décisif», a martelé cette dernière, promettant de donner aux Ukrainiens «les moyens de se protéger et d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable». En écho, le chancelier allemand Olaf Scholz a refusé toute paix qui serait «imposée».

Sans surprise, le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban, ardent soutien de Donald Trump, n’a pas donné son aval aux conclusions écrites sur l’Ukraine, qui ont dont été validées par 26 Etats membres, et non 27. Ce texte souligne notamment qu’«il ne peut y avoir de négociations sur l’Ukraine sans l’Ukraine». «Un pays isolé ne crée pas une division», a commenté Antonio Costa.

«Un pas positif» pour Washington

Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé, les initiatives se multiplient. L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé qu’il rencontrerait une délégation ukrainienne la semaine prochaine, à Ryad ou à Jeddah, pour définir «un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial».

Londres a de son côté annoncé discuter avec une vingtaine de pays «intéressés» à contribuer à un maintien de la paix dans le cadre d’un éventuel accord avec la Russie. Paris réunira mardi des chefs d’état-major des armées des nations européennes prêtes à garantir un futur arrêt des combats sur le sol ukrainien.

Au sein de l’UE, nombre de lignes bougent aussi. Effectuant un virage longtemps inimaginable, l’Allemagne envisage désormais des investissements massifs pour renforcer son armée. Jusqu’ici apôtre d’une stricte orthodoxie budgétaire, elle vient même -à la stupéfaction de nombreux diplomates- de plaider pour une réforme du « corset budgétaire » de l’UE.

La proposition d’Emmanuel Macron d’ouvrir un débat sur la protection de l’Europe par l’arsenal nucléaire français fait également son chemin. Le président français a assuré que «plusieurs» dirigeants étaient venus le voir jeudi pour lui parler de ce sujet, évoquant un «dialogue à la fois stratégique et technique» dans les mois à venir.

Par Le360 (avec AFP)
Le 07/03/2025 à 08h02

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